- Chapitre II.I.:
Noël avait été long... Et cet été se prêtait au même scénario. Je roulais en direction de la ville. Ca faisait bien quelques temps que je n'y avais pas mit les pieds. Il faut dire que ma réputation avait rapidement prit une mauvaise posture et que ma simple vue faisait dévier n'importe quel étranger qui me voyait dans la rue. Et pourtant, je me dirigeais tout droit au coeur du problème, en direction de Pershing Square. Je n'étais plus flic, mais ça ne m'empêchait pas de réfléchir et d'agir plus ou moins comme tel, même si l'enquête interne commençait à se faire assez longue. Sûrement parce qu'il y avait des années de service à éplucher. Finalement, l'affaire sur Downtown et dans l'Oak Spring n'étaient que la cascade qui avait fait exploser le vase. Ca faisait bien longtemps que l'on m'avait dans le viseur... Mais j'étais trop essentiel au service.
Et c'est sur ces bonnes pensées que j'arrivais finalement à destination... Le poste était au coin de la rue, et l'appartement de Kaulins semblait avoir une belle vue sur le parking. Je regardais un instant autour de moi la rue bondée de gens, tandis que les patrouilleuses rentraient et sortaient du poste. J'attrapais l'article de journal... L'explosion avait eu lieu il y a quelques jours. L'avantage avec ce genre de chaos, c'est que les flics étaient au première loge pour voir le feu d'artifice. L'inconvéniant, c'est qu'ils sont tous tellement nul que ni Kaulins, ni l'artificier n'ont été retrouvé. Et fatalement, ce n'était pas à moi qu'on allait demander de l'aide. Les coïncidences n'existent pas dans ce métier... Surtout pas dans nos vies... Sauf exception. Mais j'arrivais à me convaincre que si j'avais foutue le bordel, et si Kaulins retournait dans les emmerdes... Il y aurait forcément un moment où les deux histoires finiraient par se lier. Je n'avais pas vraiment envie de connaître l'impact d'un tel scénario... Mais il était un peu tard pour revenir en arrière. Encore une belle preuve de causes à effets.
Je sortais lentement du véhicule, rentrant dans l'immeuble. Tout semblait en ordre... Il fallait bien dire que Pershing Square n'était pas un quartier malfamé, et, en y repensant, c'était tant mieux pour les criminels... Je gravissais rapidement les marches, arrivant jusqu'à l'appartement de Kaulins, les deux mains dans les poches, enfilant une paire de gants... Ca me donnait l'impression d'être un criminel... Je ne suis pas sûr que la police scientifique soit bien d'accord pour qu'un flic en examen intervienne sur leur scène de crime... Ca ne m'empêchait pas de le faire, tant qu'ils ne le savaient pas. Et c'est ainsi que je franchissais cette petite bande jaune 'Do not cross', censé convaincre une personne lambda de ne pas franchir la ligne... Idée de merde...
Je me contentais d'entrer dans l'appartement, en piteux état, m'arrêtant au milieu de la pièce avant d'observer autour de moi. Il ne restait pas grand chose, si ce n'est des murs carbonisés, un canapé en mauvais état, et un bar détruit pour ma plus grande détresse émotionnelle. Je m'approchais de celui-ci en soupirant, éparpillant les morceaux de verres avec mon pied avant d'allumer ma lampe torche... On aurait pu croire que je cherchais des indices... Finalement, je me contentais de ramasser une bouteille de whisky à moitié brisée, et dont la simple expiration d'air de mes poumons aurait fini de la réduire en miette... Sûrement l'une des bouteilles fétiche de Kaulins, qu'il n'aura même pas l'occasion de boire. Moi, j'en prenais le risque, vidant le peu qu'il restait dans cette bouteille qui ne savait pas si elle devait rester en un morceau, après avoir survécu miraculeusement à une explosion. Finalement, elle eut sa réponse lorsqu'elle entra en contact avec le sol, tandis que mon regard se portait de nouveau sur le reste de l'appartement... Et j'en étais arrivé à la conclusion suivante:
Kaulins n'était pas très bavard en toutes circonstances... Il l'était encore bien moins quand il n'était pas là.
- Chapitre II.II.:
Vide... Sans intérêt. Chercher Kaulins, c'était un peu comme chercher Hayes en pleine nuit, à pied, dans tout l'Etat, pendant ses moments de crises justicières. Autant dire impossible, et l'appartement n'apportait aucun indice. Difficile de retrouver la trace d'un homme qui avait compris que pour comprendre les criminels, il fallait en être un. A moins que son décorateur d'intérieur ne soit tout aussi malin que lui, je pouvais probablement trouver des indices... Pas de bol... Son décorateur intérieur était aussi malin que lui. Je me retrouvais au début d'une chasse à l'homme dont la première piste était déjà la dernière... Rien ici ne pouvait me permettre de mettre la main sur Kaulins.
Je m'approchais de la fenêtre, fixant les patrouilleuses faire leur petites danse à travers le parking du poste de police. Kaulins avait une belle vue sur ceux qui sortaient, content de faire leur job, et ceux qui rentraient, exténués d'une ville en perdition... Et il voyait bien ceux qui ne rentraient pas toujours. C'est le genre de spectacle qui nous rappelle la ville de dingue dans laquelle on vit. Je venait rejoindre le canapé, m'asseyant sur ce qu'il en restait, fixant la bouteille de whisky tombé au sol, au pied d'une table basse définitivement trop proche. Je réfléchissais un instant, à me demander dans quelle genre d'emmerdes pouvait bien se mettre Kaulins. Dans la foulée, j'attrapais mon téléphone par réflexe, revenant sur les messages de Tia, fixant le numéro un long instant... Je pouvais l'appeler, j'aurais du l'appeler. Devais-je l'appeler ? Et finalement, j'eu le genre de réponse attendu lorsque des bruits de pas se faisaient entendre, en approche de l'appartement. Rapidement, je rejoignais le cadre de la porte, prêt à en découdre avec ceux qui n'avaient rien à faire ici... Mauvaise interprétation dû à une ouïe complètement désastreuse. Le premier venait tomber au sol d'un coup que je lui assénais par surprise, échappant son arme, tandis que le second se jetait sur moi.
Et un combat encore acharné s'engagea entre moi et un type un peu trop impétueux. Il venait brandir un couteau qu'il ne tarda pas à élancer en direction de ma poitrine, jusqu'à ce que je la dévie dans mes côtes, me laissant un répit douloureux pour lui asséner un vilain coup au visage. La lame retirée, je venais sauvagement lui trancher la jambe dans toute sa longueur, lui qui rampait déjà vers l'arme de son camarade de jeu. Une giclée de sang dû à une très sale coupure, tandis qu'il criait. Le concierge avait beau être sourd, même lui avait dû entendre ce pauvre type dans son agonie. Je me rejetais en arrière, laissant la lame dans la plaie, dégainant le 44 Magnum, avant de tirer à l'aveugle trois balles dans le torse du second qui s'était lui aussi relevé, prêt à ramasser l'arme à son tour. Je soupirais longuement, d'une respiration plus que haletante, tandis que ma chemise venait rapidement se teinter de rouge au niveau des côtes. La blessure n'était pas vraiment joli à voir, pas plus que le plafond calciné dans lequel mes yeux vides venaient plonger le regard.
Trois coups de feu de 44 Magnum et un homme continuant de crier en espérant que Dieu l'entende du haut de son nuage. Pour ce qui est de la discrétion, on repassera... Il se relevait, sortant de l'appartement, en s'appuyant contre les murs. Il n'avait même pas eu la force d'attraper l'arme... Quand un humain est menacé de la sorte, la fuite reste son instinct de survie le plus efficace... Se tenant la jambe, on pouvait l'entendre avancer à trois étages en dessous. Un bon tappage diurne, accentué par son corps s'effondrant au sol et ses cris de douleur. Moi, je restais là, avant de me relever, main sur le côté, finissant se salir mes bon bandages aux mains, et d'ajouter une nouvelle blessure à ma collection. Je reprenais le 44 de cette main, laissant le sang en imprégner la cross, tandis que ma main libre servait de pression à la plaie... Je marchais, lentement, riant de la situation. Je n'avais pas commencer mon enquête personnelle qu'on avait déjà essayer de me tuer.
Finalement, la loi de Murphy n'avait toujours pas eu son compte.
- Chapitre II.III.:
J'approchais de cet homme, posant un pied sur cette jambe ouverte à vif. Il criait, bien naturellement. J'aurais pu rire, si j'en avais l'humeur... Et non, il fallait bien admettre qu'on ne rit pas dans ce genre de situation... Ou presque.
"Où est Kaulins ? - Je sais pas ! - Comment ça... "
Deux hommes à l'accent bien européen qui franchissaient la porte d'un appartement qui avait explosé quelques jours auparavant. Voila une parfaite définition du mot coïncidence dans son paroxysme le plus total. Ca en devient tellement absurde à ce point que c'était tout, sauf une coïncidence.
"Alors ? - Je sais pas ! Je sais pas ! - Alors qu'est ce que tu fou ici si tu sais pas ? - Je n'sais pas où il est ! - Oooh... Donc t'es juste là pour me tuer ? - Pitié... - Ca fait bien longtemps que j'ai oublié le sens de ce mot."
Il suppliait en versant toutes les larmes de son corps, tandis que sa jambe ouverte continuait de saigner. Il pleurait et j'en riais, lui qui n'aurait pas hésité un instant à me mettre trois balles dans la tête, et dans celle de mon gosse si j'en avais un.
"Où est Kaulins ? - T'es le pire flic de... - Attends... Tu vois encore un badge à ma ceinture ?"
Effectivement, son regard appeuré prenait une toute autre dimension lorsqu'il vit que la seule chose qui accompagnait ma ceinture était le holster du gros calibre que je tenais du bout de ma main droite. Et finalement, la balle dans la tête qui s'en suivit me donnait à réfléchir. J'aurais pu laisser ce type vivant... Après tout, il allait difficilement pouvoir me tuer dans cet état. Mais les événements précédents et la loi de Murphy ayant une légère tendance à être collé à moi m'a donné la raison nécessaire à l'utilité de cette balle. Il serait revenu... Et j'aurais du le tuer. Finalement, ça aurait été une perte de temps pour lui. On peut dire que je lui ai rendu service, d'une certaine manière. Et je repartais, la conscience moins lourde, en me disant que lui, au moins, ne reviendra pas me faire chier. Je rejoignais rapidement les escaliers, cherchant à sortir le plus rapidement possible avant que la police débarque et ne voit le nouveau massacre. Evidemment... J'étais dans une merde pas possible. Rien ne justifiait ma présence... Et la simple légitime défense aurait du mal à passer vue ma condition actuelle. En gros... J'étais finalement devenu un potentiel ennemi public. Et sur cette idée, je venais en conclure que c'était inévitable...
Je courrais à travers le couloir, arrivant finalement aux escaliers... J'aurais pu m'arrêter... Je me suis arrêté... Mais pas par envie, juste pas instinct. Le chien d'une arme se baissant, le canon venant lentement embrasser ma tampe gauche. Un léger coup d'oeil, tandis que mon corps s'était figé... A la vue de la personne qui tenait l'arme, je ne savais plus trop si je devais en rire, en pleurer, crier, prier... Ce genre de conneries qu'on appelle réactions et émotions.
"On dirait que vous n'êtes pas à votre place Hawks... - C'est bizarre, j'ai la même impression que vous madame flic 2.0..."
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