Nous sommes personne. Même si nous étions quelqu'un, nous sommes au-delà de leur compréhension. Et même si ils pouvaient le comprendre, ils n'auraient pas les outils pour exprimer cette connaissance. Nous n'appartenons pas au monde. C'est la limite, la frontière entre tous et nous-même.
Chapitre I:
Du sang. Elle voyait du sang partout. Sur le sable, ses habits, sa peau. Quelque chose avait explosé sous le poids d'une pression immense. Elle ne savait plus ce qu'elle faisait là. Elle était armée, après avoir maîtrisé Joy. Quelque chose cognait derrière. Sans la moindre idée. Puis, le long craquement des os tonnaient en crescendo jusqu'à ce qu'une forte giclée n'arrive sous son œil gauche. Kaya tournait alors la tête, constatant une déformation noire, elle ne voyait pas. Qu'est ce qui la mettait dans cet état, où du moins la rendait ainsi. Quelqu'un venait alors de lui maintenir les poignets, en tournant le visage, c'était Effy en tenue d'officier du LAPD. Elle la relevait alors violemment, lui brisant un bras. C'était le droit, mais quelle importance. Plus rien n'avait de sens. En se faisant emmener dans la PV elle s'installa sur le siège placé à l'arrière, mais encore une fois tout était différent. C'était leur manoir en Irlande. Et elle se retrouvait alors sur le trône mentionné dans la lettre qu'elle avait lu un jour auparavant. Une personne en face d'elle, Joy, qui la pointait avec une arme, criant alors des mots dont les sons ne pouvaient l'atteindre. Quelque chose sifflait dans ses tympans, baissant alors la tête et tentant de comprendre ce qu'il se produisait sous ses yeux. Aucune réponse ne lui parvenait.
En les rouvrant, elle aperçu North alors accompagné d'une pelle dans sa main droite. Elle était assise sur un tronc desséché dans un désert où dans le fond, un entrepôt familier vint lui attirer le regard. Un lourd son fendit alors l’atmosphère. En regardant de plus près, North venait de creuser sa propre tombe avant de finir sur une balle qui s'était logé certainement en ligne droite dans le cortex. Etant toujours menottée, elle se mouva vers le trou en question, constatant que le corps présent en son sein n'était autre que Joy. Un autre sifflement retenti dans ses tympans, venant alors tomber à genoux. Une goutte rosée fendit le jaune désertique dans lequel elle se trouvait, venant alors tout simplement se répandre dans chaque infime partie du désert qui prit la couleur du sang. Elle peinait pour se redresser constatant alors North enterrant sa sœur. Elle lui disait tellement de chose que rien ne parvenait à ses oreilles, puis elle s'arrêta. Stupéfaite de ne pouvoir entendre le son de sa propre voix. Elle essuya le sang coulant de son nez, observant l’entrepôt au loin. Elle regardait une dernière fois North alors endeuillé, elle partit sans lui sourire.
Elle arrivait alors après quelques minutes devant la porte redoutée de l'entrée. Une carcasse de voiture était présente non loin avec un cadavre en son sein. Vu son état il datait d'une semaine voire un peu plus. Plus elle entra, à l'aide de son pied, poussant alors la porte battante. C'était sombre et mal-odorant, mais elle se contentait d'entrer. Une ombre en loin était présente, sans se dévoiler. En levant le visage, elle constatait une dizaine de cadavres pendus. Des visages connu. Chacune des photos avec lesquelles elle avait cherché tant de réponses. Par ordre s'y trouvaient: Kauffman, DeRoma, Cabeçao, Young, Starling, Meadows, Caldwell, Toro, Kaulins, Mia, Effy, et Ray. Chacun souriait alors semblant avoir le regard fixé sur Kaya qui se contentait de les observer, arrivant au centre de tout. Là où elle était attachée des années auparavant, là où elle reçu des coups et appris ce qu'était d'être du même sang. L'ombre se mit à avancer, dévoilant sous la lumière rougeâtre que donnait le désert un visage familier. Ce physique qui semblait identique trait pour trait, et même dans le style vestimentaire.
On pouvait constater sur les lèvres de Kaya qu'elle parlait longuement:
"Qui... Qui es-tu."
La réponse ne se fit pas attendre, fendant le silence, perçant les tympans, faisant hurler les morts pendus dans le lieu où elle se trouvait. Kaya tomba alors a genoux, un visage stupéfait, apeuré, pleurant chaque parcelle de son corps. Sa réponse était:
"Kaya Fitzermann."
Chapitre II:
"Quel effet cela produit-il de se voir? A voir mon visage je serai supposée être perdue dans cet abîme que tu t'es creusé en reniant ce que tu étais réellement. Alors qui je suis... Je suis toi, je suis moi. Kaya Fitzermann, l'héritière d'un panthéon qui s'est effondré. Tu pensais faire quoi en traînant avec ce genre de personne mmh? Te faire des amis peut être? Et quand bien même ils te considèrent comme tel, qu'en est-il de toi? De moi? Écoutes-moi, écoutes-toi. Ressens ce qui te traverse actuellement. Dans quel monde es-tu. Regardes-les, explore-les. Leur vie est pitoyable! Je ne suis pas des leurs! Je ne suis pas pareille! Tu sais... Nous sommes personne. Même si nous étions quelqu'un, nous sommes au-delà de leur compréhension. Et même si ils pouvaient le comprendre, ils n'auraient pas les outils pour exprimer cette connaissance. Nous n'appartenons pas au monde. C'est la limite, la frontière entre tous et nous-même. Tu comprends, je comprends... Pourquoi veux-tu retourner en Irlande d'après toi, hein?! Je ne me renie pas! Qu'est-ce que tu fais à chercher à comprendre! Tu ne peux rien me cacher, je sais ce à quoi je pense. Il faut recommencer... Je comprends! Mais qu'est-ce que tu fais à genoux... Il faut que tu te relèves, regarde nous. Acceptes toi. Vis. Je dois vivre. Comme elle nous a dit de vivre. Tu veux me tuer? Est-ce que tu penses au suicide? Je n'y pense pas non alors tous ces morts, ont un sens a ta vie. Tu t'es crue différente parce que je me suis tirée de là. Au fond, je me fourvoyais. Oui! Voilà! Qui me cause des emmerdes en ce moment... Lui. Elle. Toi. Moi, qui pensais être différente. Nous sommes là. Viens... Ne me mens plus... Acceptes-toi. Acceptes-moi."
A ce moment là, Kaya s'approchait d'elle même lentement. Les larmes coulaient sur son visage, enlaçant cette femme qui lui ressemblait par tous les détails. Ce contact entre les deux corps provoquaient l'effondrement de ce monde. L'usine désaffecté dans laquelle elle se trouvait venait longuement s'effondrer, manquant de l'écraser elle aussi, mais elle était placée sous le trou qui était présent dans le plafond. Les cadavres alors pendus venaient se briser comme un verre jeté violemment sur le sol. Le vacarne avait encore disparu sous un silence troublant, avant de pouvoir entendre un murmure.
"Là où tout à commencé... Reprendre là où tout... A commencé."
Chapitre III:
"Kaya... ... Kaya. ... Kaya! ... Kaya!"
Elle ouvrit les yeux longuement, comme un lendemain de fête trop arrosée. C'est d'ailleurs ce qu'il s'était passé. Mais elle ne s'en souvenait pas. Elle avait oublié ce moment comme si rien ne s'était passé, ou presque. Elle avait eue écho de la soirée, et son subconscient en gardait toujours la mémoire. C'est certainement pour ça d'ailleurs, qu'elle se réveillait dans une autre pièce que celle dans laquelle elle s'était couchée. Elle était assise devant l'appartement, North alors en face d'elle la regardait d'une incompréhension des plus totales. Alors qu'il tendait la main pour qu'elle se relève, elle ne la prit pas, se relevant seule, avec un regard qui lui était familier. Ce regard plein de haine envers le monde qui l'entoure, ce regard froid aussi inexpressif que les morts. Il était cinq heures du matin, il était dans un état pitoyable, tout comme son état mental au passage. Celui de Kaya était confus, encore instable du premier rêve qu'elle fit. Elle regardait ses pieds, constatant alors quelques gouttes de sang tombant au sol. Mécaniquement, sa main droite vint palper la provenance. Son nez saignait encore, comme dans son rêve.Elle s'essuya, reniflant alors quelque peu devant la porte encore enfoncée de l'appartement. Elle n'avait tué personne, mais il se persuadait du contraire. North essaya de la prendre dans ses bras. Il abouti d'ailleurs à son acte mais Kaya ne bougeait pas, regardant par dessus son épaule, certaine d'une présence qui n'était pas. Il ne la comprenait pas, et n'en avait même pas les outils pour tenter.
Chapitre IV:
Le lendemain s'annonçait différent. Une levée très matinale, suivit d'une douche à l'eau froide du vieil appartement qu'elle s’apprêtait à quitter dans quelques heures. Une fois sortie de la douche, elle contemplait les cicatrices qui parcouraient son corps avant de se rhabiller. Joy attendait surement sa place pour aller sous la douche. Pour une fois, on aurait pu croire que l'appartement était vivant. Une musique rythmée passait sur la radio, tandis que North préparait dans le salon ses affaires et que Joy se douchait. Kaya arriva mécaniquement dans la cuisine empoignant alors son 1911 en main, le portant vers l'arrière de sa ceinture, puis se bloqua dans sa lancé. A quoi bon prendre une arme pour un allé simple en Europe. De l'autre main, elle refermait le dossier qui lui avait été demandé. Elle l'avait prise en photo pendant que l'officier de garde du LAPD encaissait la caution qui lui était dut. Tout se passait bien et tout était adressé au Celebrity concernant ce cas. Elle n'attendait pas d'argent. Tous les frais avaient déjà été payés, mais avait su manipuler les bonnes personnes pour leur donner une contrepartie et se les sentir redevable. Tout avait été prémédité depuis le début. Alors que les deux autres semblaient heureux de quitter le pays, Kaya souriait au reflet que présentait la vitre de la cuisine. Les choses continuent de changer tandis que l'on croit la stagnation assurée. Le vent nouveau soufflait dans l'avenir.
Chapitre V:
Ça n'avait pas mal démarré du tout. L’Irlande avait changé certains aspects de la vie de North qui était venu avec elle. Joy au final est restée dans l'trou qu'on appelle la ville des anges. Deux mois ont passé après ça. Tout avait changé. C'était pas mal animé les soirs, les impasses puaient l'lsd qui se mélangeait au viol de certains ou certaines. Le reste n'était que débauche des pseudos soirées qu'organisaient les jeunes. Elle avait un nom, un club dans lequel tout pourrait redémarrer. Elle y est entrée. Il était deux heures du matin, et le remix qui passait des Whites Stripes cognaient les tympans des clients tous aussi pleins les uns que les autres. Deux vigiles sur la droite, quatre sur la gauche dont un pour les toilettes, on sait jamais si il se fait agressé par sa merde le client. Le dj ne touchait pas les platines mais semblait simuler qu'il était l'auteur de tout ce son. C'est dommage, certains avaient les références encrées dans le cerveau, mais l'avaient oublié, faute à l'alcool. Elle arrivait alors au bar, ce sourire espiègle qu'elle avait apprise durant ces deux derniers mois lui permettait d'avoir un verre gratuit. Un merci, et un baiser sur la joue du barman qui la voyait tous les soirs. Mais pas comme il l'espérait. Ensuite, elle allait vers le centre de la piste se déhancher un peu autour de toutes ces putes assoiffées de coups de reins. Deux avaient l'air consentantes, une seule semblait juste jouer avec les désirs de l'autre. Kaya, elle, bougeait, dansait, buvait son verre, avait l'esprit sain. Au moment où tout chavirait pour les autres, elle entrait réellement au cœur du challenge. Passer la pièce que les deux gorilles surveillaient au fond a droite du dancefloor. Elle rendait le verre, venant en reprendre un autre du barman dont elle vidait son revenu soir après soir, avec ce même baiser insignifiant sur la joue et son sourire a la con qu'il lançait à Kaya. Elle retournait vers la piste, buvant plus légèrement, constatant deux couples ivres. Tout allait bien se passer. Elle s'annonça entre les deux paires touchant les fesses des deux femmes qui semblaient très prises. Retournement. Insultes. Crêpage de chignon. Coups. Deux gorilles à la rescousse après que les mâles s'en soient mêlés.
Kaya était plus en recul, souriant à la vue de cette facilité, s'annonçant alors dans le couloir. Verre posé sur le côté, 1911 extirpé du sac à main. On aurai pu croire qu'elle était une femme comme les autres en s'annonçant au creux de la réunion. Mais personne ne l'avait remarqué en apercevant le sang du gérant étalé sur la table basse, entre les pizzas et les shots. Elle souriait encore ajoutant d'un air joyeux:
"Surpriiiiiiiiiiiise! - Mais bordel mais t'es qui toi! - Une femme... Assez énervée j'dois dire.
Ils ne bougeaient pas, les mains en évidence, ils étaient trois autres gars qui prendraient surement du plomb dans la tête. La discussion allait pouvoir s'annoncer rythmée, mais au moins, ils étaient apte à l'entendre. D'un signe du canon, elle leur demanda de s'asseoir en face d'elle, qui elle, s'assit donc à côté du cadavre frais. Croisant les jambes, venant regarder les hommes face à elle, en souriant de la même manière qu'à son entrée, elle entama les présentation qui les laissa bouche bée. Qui étaient-ils? Des hommes qui avaient repris les affaires et usés du nom qu'elle portait à des fins lucratives et criminelles. Un sacré retour de pierre en somme. Ils ne la croyait pas, et rirent encore un peu se disant puissants et riches avant que celui de droite ne tombe a la renverse, la même balle de plomb logée dans le front. Il était mort avec le sourire, c'était déjà ça. Ils paniquaient déjà un peu plus en réalisant qu'elle maîtrisait totalement la situation, étant considérée comme cliente régulière de deux heures du matin. L'heure à laquelle leurs petites réunions hebdomadaires avaient lieu. La princesse était revenu reprendre le trône perdu, et c'est ça qui leur fit comprendre des possibilités envisageables.
Chapitre VI:
"Ca y est, t'es rentrée de tes virés nocturnes?"
Kaya ne s'attendait pas à voir quelqu'un dans son appartement dans le courant des quatre heures du matin. North était alors adossé contre l'encadrement de la porte qui menait à sa cuisine. Il avait une pomme en main et un couteau de l'autre, duquel il se servait pour découper les morceaux qu'il avalait uns à uns. Surprise, puis souriante, elle constatait qu'il abordait plus son horrible barbe mal rasée, son odeur d'alcoolique et ses vêtements crasseux. Il avait le teint plus foncé qu'avant, quelques marques sur le visage avaient disparus, et ses cheveux étaient coupés court.
"Depuis quand tu t'incrustes chez des personnes toi?"
Une question mélangée à l'impossibilité de répondre qui la mise légèrement à l'épreuve. Il riait après avoir avalé son morceau de pomme, venant se redresser constatant le pépin qui restait dans sa main l'air pensif. Il détournait de nouveau son regard vers Kaya qui enlevait sa veste, l'accrochant au porte-manteau situé sur sa gauche avant qu'elle ne s'avance d'un air plus froid qu'auparavant jusqu'en face du visage de l'homme qui s'était introduit chez elle, et qui était si familier. Elle tendit sa main droite dans la sienne, attrapant le pépin lui ajoutant que ça ne se mangeait pas ça. Sur ces mots, elle se dirigea vers la poubelle, jetant ce dernier avant que North ne se retrouve sur le pan de la cuisine.
"Pourquoi tu ne m'as pas dit les raisons de ton retour en Irlande. - Tu n'as pas a savoir quelles sont les raisons qui animent les autre à vivre. - Ca pourrait toujours faire quelque chose à raconter dans le futur. - Le futur ne m'intéresse guère. - T'as toujours été comme ça. - Raison de plus pour ne pas prendre de nouvelles habitudes."
Il souriait aux réponses de Kaya, venant se retirer après l'avoir salué de la main. Le bruit de la porte qui retentissait dans la maison signifiait soit qu'il était parti, soit qu'il avait feint d'être parti. Ce n'était pas son genre de tenter quoi que ce soit. Kaya quant à elle, soupirait en constatant l'horloge accrochée au dessus d'elle, baillant et se redressant du plan de travail. Elle se dirigeait désormais vers sa chambre, se déshabillant avant de s’immiscer dans son lit, soupirant de nouveau puis de fermer les yeux.
Chapitre VII:
Les soirées hivernales entamaient leur cycle perpétuel. Les nuits étaient plus longues que les journées. Les habitants rentraient chez eux, ils frissonnaient et rêvaient de s'installer auprès de leur cheminée pour ceux qui en possédaient. Kaya quant à elle, déambulait dans les rues, les mains dans les poches avec une allure qui lui est propre. Deux mois s'étaient écoulés depuis qu'elle avait repris les choses en main. Ian Williamson, Thomas Merlan, Marie Tempsey et Léa Marck. Quatre nom qui s'occuperaient de la branche Irlandaise. Le trône de la Princesse était inoccupé et personne n'oserait s'y installer. Elle était retourné en Californie. Trois à quatre heure de trajet pour rejoindre Los Angeles. Une maison des plus banales accompagné d'une tête pensante. North Shannon. Il l'avait suivit, il l'avait percé à jour. Il lui était dévoué. Le Golden Gate semblait bien plus grand sur photo avait-elle sorti en passant non loin de ce dernier. Personne ne l'écoutait, mais elle, si. Elle se dirigeait dans sa nouvelle demeure alors qu'il l'attendait. Son alcoolisme était passé, son teint de peau avait repris en couleur, ses rides s'étaient affinées et son humour masculin était revenu. Un vent frais soufflait sur la berge alors esseulée, une seule femme coupait fermement le son des vagues et des docks. Son souffle était chaud, plein d'entrain. Elle regardait vers ce ciel sans nuage où les étoiles brillaient , laissant l'air froid s’engouffrer dans sa gorge. Les tramways passaient alors, vide de monde, retournant dans leur station. Une centaine de mètres plus loin, Kaya s'engouffrait dans une maison, refermant alors la porte derrière-elle tandis qu'elle retirait son manteau. En entrant, elle se dirigeait vers le salon qui se situait à sa droite, constatant la radio allumée passant un air noir dans toute la demeure. En ressortant, elle se dirigeait vers le bar, constatant North y étant accoudé. Elle passa derrière ce dernier, venant saisir une bouteille de manzana qu'elle entamait, n'ajoutant rien.
"Je t'ai fais les dossiers des potentiels latents. Ton Glenn là... T'es sûr qu'il connais bien les raisons qui t'animent? Non pas que je doute de quoi que ce soit, juste que c'est peut être pas la meilleure des solutions. D'après son dossier, il manque d'un cavalier pour commencer la partie, et je doute que démarrer avec un handicap ne soit bon au long terme pour nous, ou lui."
Elle terminait sa gorgée, ne souriant pas, n'exprimant rien de part son visage ou ses rictus. Elle reposait alors le verre tranquillement une fois qu'elle eut avalé sa gorgée en un soupir. Son regard n'exprimait pas de la fierté, ni de l'arrogance. Il n'exprimait rien du tout à part le vide sentimental qu'elle connaissais depuis sa tendre enfance. Elle ajouta alors lorsque le pianiste s'engageait musicalement dans l'apothéose du morceau.
"Son cavalier est déjà présent sur la scène. Il suffi d'aller voir l'envers des coulisses pour y remarquer une âme dans les acteurs, celle-ci. Cette seule et unique âme ne débute pas. Mais elle ne termine pas pour autant après cet acte. Les scènes s'enchaînent jusqu'au rebondissement. Là, et seulement là, on peut remarquer si le maître sait jouer où non."
North vint esquisser un sourire, venant empiler le dossier qu'il avait en main sur le reste avant d'acquiescer d'un signe de tête. S'installant alors sur le canapé situé en face du bar après un soupir. Il débouttonnait sa chemise de costume, venant reposer le chapeau à sa droite. Il riait intérieurement de la tournure des événements et Kaya le savait. Quant à elle, elle savourait son verre, attendant que le smartphone situé sur le bar viennent s'allumer, signalant un message du maître d'oeuvre.
Chapitre VIII:
L'hiver s'était levé sur Los Angeles. Kaya s'y était rendu depuis San Francisco pour quelques finalités, et voir un visage qui aurait su lui apporter une certaine réponse quant au sens de tout ça. La vie, la mort. A quoi servent-ils à part causer le bonheur et le malheur. En arrivant devant la demeure de Glenn, elle vint soupirer avant d'y extraire ses clés du contact, ouvrant de part la poignée la portière, posant un pied lourd à même le sol. Le second qui suit vint donner le ton de sa venue. Son troisième mouvement... Celui de prendre l'arme placée sur le tableau de bord du véhicule. En entrant par la suite depuis la porte, elle vint soupirer en sachant la raison de sa venue. Le dernier de la première génération était revenu de son ultime voyage, savourant alors sur le canapé du bar de l'eau de vie que Glenn avait certainement du lui offrir. En un sens, lui très avare sur l'argent, avait le sens de l'honneur. Elle souriait intérieurement sur cette scène annonçant la fin d'une ère. Elle était honorée de le rencontrer comme il l'était réciproquement. Sur un dialogue, des questions, comment c'était, qu'est-ce qu'il ressentait sur le moment. Deux trois gorgées, une grimace et une réponse sincère. Les liens s’effaçaient longuement tandis que le temps s'écoulait. Pas de hâte, mais sans bâcler, il savourait les derniers instants de sa vie. Puis en un élan serein, une levée magistrale. Ils se dirigeaient tous deux vers la sortie, empruntant un véhicule en direction du cimetière. Le ronronnement du véhicule suffisait à instaurer l'ambiance. Pas de paroles, pas de soupirs, juste une fatalité. La dernière pièce sur l'édifice avant que les graines plantées n’éclosent. Une fois arrivés sur les lieux, le cimetière avait été réservé pour un enterrement. Rien d'officiel, ni d'officieux. Devant les tombes de ses camarades, il priait, souriait d'un air détendu. Il se tourna vers Kaya lui demandant une faveur, qu'elle ne put refuser. Personne n'était présent sur les lieux, et un trou avait été précédemment creusé pour cet homme. Il le savait. Il serait enterré là, à côté de ceux avec qui il avait partagé des moments difficiles comme bons. Il est dit que l'hiver est la saison du repos. Même si les arbres ne sont plus ornés de leurs feuilles, ils se préparent au renouveau d'une saison printanière. Les liens étaient désormais perdus. Plus rien ne le retenait. Il se tourna de face, affirmant vouloir embrasser sa mort. Quant à Kaya, elle soupirait, elle ne voulait pas le faire, mais tel était la fin accordée à un homme de sa trempe.
Elle leva l'arme longuement. Les secondes vinrent se geler tandis qu'il levait la tête vers le ciel, laissant apercevoir une larme couler de sa joue. Un silence. Puis un silence brisé, suivit d'un effondrement. Hanz Kauffman venait de quitter ce monde de la plus belle manière. Réservant un avenir pour son fils, rejoignant les siens. Cette génération n'était pas pour lui, et elle le savait à l'approche de Glenn qui vint par la suite prier pour lui. Kaya quant à elle, rangeait son arme venant s'accroupir avant de laisser une fleur de Lys Blanche sur la nouvelle dépouille, promettant de fleurir sa tombe jusqu'au printemps prochain. Sur ces mots et cet acte, elle se redressait, repartant longuement du cimetière avant de disparaître derrière le muret. Elle avait les mains dans ses poches, la tête baissée, et n'avait pas l'humeur à réfléchir. Cette ère touchait longuement à sa fin, annonçant la germe des nouvelles fleurs.
Chapitre IX:
La tête disposée doucement entre ses deux genoux, elle soupirait enlaçant ses tibias de ses deux avant-bras. Sa chevelure brune pendait alors dans le vide que donnait cette vue du toit du building. Elle n'était pas triste, ni heureuse, elle se contentait d'attendre que les choses changent. Qu'un vent se lève afin de porter la sale odeur du sang qu'elle avait alors sur ses vêtements. En songeant bien, elle se sentait parfois en l'espace d'un instant, comme nouvelle. Elle sentait avoir le pouvoir de descendre d'ici, taper du poing et crier les ordres que ses subordonnés s'empresseraient d'accomplir. Le genre de chose qu'elle aurait pu faire si cette soirée ne l'avait pas laissé sur le cul, comme elle le disait si bien. Un putain d'effet papillon. Son soupir expulsa les quelques gouttes de sang qui lui restait dans la bouche, venant s'écraser et s'étaler sur le béton sur lequel elle se reposait. De sa main gauche, elle prit appui avant de se redresser la tête lourde, le regard vide et la bouche entrouverte en direction des lueurs de la ville. Elle crispa sa mâchoire brusquement. Ses côtes lui faisait mal, s'enfonçant un peu plus à l'intérieur. La douleur se localisait au niveau du poumon, mais il ne s'était pas encore perforé. Elle n'arrivait pas à respirer normalement, elle devait être pliée en deux pour arriver à sentir de l'air s'engouffrer. Un gémissement suivit d'une titubation. Il lui en a fallu de peu pour perdre l'équilibre et se voir attirée cent mètres plus bas, en direction de l'asphalte. Elle s'essuyait les mains alors sur l'arrière de son short, venant par la suite se cambrer avant d'inspirer profondément. Son système nerveux l'avertissait que le risque était critique. Elle ne s'en souciait plus. Les rivaux revenaient longuement, remettant encore une fois l'entreprise familiale en danger.
"A quoi bon se battre si ce n'est pour y voir le chaos en fin de route. Ils se sont tués à la tâche, ils ont perdu tellement de choses que je n'ai pas encore. Il n'est pas trop tard pour abandonner. Je suis lâche dans le fond, mais à quoi ça sert. Regardes mon état. Regardes toi. Encore une fois. Tu m'as refoulé maintes et maintes fois, quitte à te mettre en danger. Me mettre en danger. Tu n'es pas digne d'être ce que tu semblais affirmer tout ce temps. Tu vas faire quoi. Je ne peux rien faire. Finissons-en. Je ne veux pas sauter. Tu me hantes. C'est une raison pour baisser les bras. Une raison? Pourquoi suis-je là. D'après toi. Tu crois réellement que ces gars là t'arrêteront. Moi non. Toi oui. Laisse moi prendre le dessus. J'ai pas envie. Admet le. Tu as. Je n'ai pas besoin. De moi."
Le Golden Gate à ce même moment cédait sous le poids causé par la pression. Le tumulte des vagues s'accentuait alors qu'en face d'elle, un abysse se formait, prêt à engloutir toute surface. Tout cela semblait bien réel. Cette psychose, cette névrose. Kaya se mit à hurler lorsqu'un déchirement intérieur se produisit. Son sang commençait longuement à s'engloutir dans le poumon droit, alors qu'elle tomba à terre, constatant la tâche bleuâtre qui se formait en dessous de son sein droit après avoir relevé sa veste. Tout s'effondrait, ses jambes ne la supportait plus. Son sang venant s'accumuler au niveau de la bouche. Un choc lourd, la tête heurta le sol violemment à la suite de quoi, un blackout suivit d'un appel.
Chapitre X:
"Yo, Kaya!"
C'était Glenn qui à ce moment là, se trouvait en face d'elle, la main tendue comme pour l'aider à se relever. Il souriait alors qu'elle se trouvait mal en point avec certainement une côte de brisée et les phalanges d'amochées. Elle avait rouvert les yeux. Son esprit était parti ailleurs à ce moment là. Derrière celui qui l'aidait, se trouvait trois corps. Elle était certaine qu'elle ne les avait pas tués, en revanche, Glenn lui en était capable. Kaya vint tendre la main difficilement, reposant tout son poids sans effort sur celle de Glenn qui la tirait vers le haut. En se redressant, elle senti une légère douleur sur le bas du coté gauche. C'était bien ça, une de ses côtes était mal en point. Suffisamment touchée pour la sentir se déplacer en elle. Puis elle constata de nouveau le macabre spectacle derrière son collègue. Deux hommes touchés en pleine tête. Le dernier, mort aussi, roué de coups.
"Me fais pas des frayeurs de ce genre s'il te plait."
Il venait d'ajouter ça, rompant le silence une seconde fois. Il lui souriait comme si rien ou presque ne c'était passé. C'était terrifiant. Quelqu'un comme lui qui n'avait pas tâché son costume, et pourtant qui s'était explosé le dessus des mains contre un crâne dont l'envergure était 1,6 fois plus grosse, et dure. Il se frottait les mains comme une corvée semblable aux poubelles que les habitants sortent régulièrement pour faire le vide. Et lui... L'avait-il fait ce vide après ça? C'était ce à quoi elle songeait en regardant son visage, cette cicatrice à la lèvre lui rappelant quelques souvenirs de l'époque. Plus paradoxal que son existence, tu meurs. Un psychologue qui semble tout faire pour remanier le problème des autres en point positif alors que les siens, sont tellement plus affichés.
Kaya le regardait encore, laissant le vent s'engouffrer dans l'allée. Elle regardait ce qu'elle avait créé, souriant alors. Avant de se remettre à avancer. Un homme, qui tua sa femme. Crime passionnel. Il tua son ancien patron. Désir de pouvoir. Il roua de coups un homme dans un bar sans aucune raison apparente. Accès de colère. Il profita d'une ado éméchée un soir d'hiver. Simple envie. Il profita ensuite de l'argent d'un presque mort. Pure avarice. Coucha avec une folle a lier et en appris plus sur certaine chose. Par objectif. Il manipula certaines personnes afin d'éviter quelques problèmes directes. Par flemmardise.
Kaya songea encore, venant par la suite poser son bras en appuis sur Glenn, lui souriant a nouveau. Elle pensait que si c'était une sociopathe, alors elle avait trouvé quelqu'un d'autre dans le même état d'esprit à présent. Le pouvoir. Le pouvoir rends les personnes qui l'obtienne différents. Ils étaient tous deux alors, sortant de l'allée, constatant les premiers flocons de l'hiver dont le froid semblait par moment tellement rude que les clochards de la ville s'en sortiraient pas. Ils avançaient encore, sous l'allée qui s'éclairait alors, laissant trois autres morts derrière. Et ils riaient, tous les deux, d'une mauvaise blague qu'avait fait l'homme en question. Ils venaient juste de la comprendre avant de disparaître au coin.
Chapitre XI:
"Tu comptes faire quoi à présent?" avait-il posé comme question en la regardant d'un air sombre avec son sourire habituel provocant en coin de bouche. Elle semblait y réfléchir en s'affalant sur le canapé, elle songeait à tout ce qui s'était passé avant, et ce qui se passerait ensuite. Glenn finissait alors de remplir son verre de whisky avant de se déplacer en face d'elle, s'asseyant lourdement sur le sofa qui donnait directement face aux rangées de miroirs, reflétant alors la monstruosité de son être qu'elle constatait encore avec surprise. Elle vint sourire au même instant où elle croisa les jambes, venant remettre correctement sa mèche qui pendait par dessous le bonnet qu'elle portait habituellement.
"T'es un putain de chef-d'oeuvre" ajouta-t-elle en venant sourire vers l'homme qui lui faisait face. Ce dernier se mit à rire avant d'ajouter avec la plus grande spontanéité, qu'il avait appris du maître, c'est à dire d'elle. Il se redressa ensuite, venant se placer à 40cm de la tête de la jeune femme qui le regardait sans sourciller, puis vint ajouter par la suite un monologue semblable à un aveux.
"Si je suis là maintenant, c'est à toi que je le dois. Tu es la seule que je ne trahirai jamais, et si ton avis sur ma personne est tel que je suis obsolète à ton usage, alors ici-même, donnes moi la mort. Je ne vis que pour toi, je ne vis plus que pour toi et ton objectif. Je suis un mensonge devenu vérité, et c'est à toi que je le dois. Ces instants... Sur la table. Cette initiation. Ta méthode, et ta technique. Ces marques qui sont sur moi, à jamais, c'est toi qui me les a faites. Je les exhibe alors tel un trophée, un honneur. Tu es la seule que je n'ai jamais réussi à percer, tu es ce mystère que je n'arrive à comprendre. Que tu sois sociopathe ou seulement avide de sang. Que ce soit le syndrome de Stockholm qui me traverse où juste le désir de ton corps et de ton être, je suis alors ton cavalier sur l'échiquier prêt à bouger comme bon te semble."
C'était certainement un aveux. Une déclaration spéciale d'un amour poétique et macabre. Mais elle ne souriait pas plus à ses paroles qu'habituellement. Elle sait juste qu'il l'avait sorti d'une galère qu'elle ne pouvait régler seule. C'était ce genre d'homme qu'elle voulait pour l'accompagner, et elle le lui avait déjà dit plus d'une fois. Deux êtres qui ne ressentent rien, l'un en face de l'autre, l'un avait le rôle de matière tandis que l'autre, celui de l'antimatière. Création et destruction réunis en un seul but. Renaître de leurs cendre. A ce même moment, un troisième personnage venait de couper net à cette scène.
Une jeune femme, brune aux yeux vairons. Qui venait d'entrer par la porte qui n'était pas fermée, à la recherche de quelqu'un, dans une propriété privée. Elle avait tout entendu, mais ne bougeait pas. Elle était figée là, alors que Glenn se redressait la constatant, venant ajouter par la suite d'un air naturel:
"Kaulins... Que puis-je faire pour toi?"
Chapitre XII:
La jeune femme les regardait là. Elle ne bougeait pas semblant figée la bouche légèrement ouverte. Kaya restait assise en observant un spectacle qui semblait lui déclencher un certain intérêt. La mention du nom de la jeune femme sur le pan de la porte, avait attisé la curiosité de Kaya qui venait alors croiser les jambes en observant Glenn se diriger vers elle.
"J... Je... Euh... Je suis passée... Euh'm... Ici.. Pour euh... Je..."
Sur le moment, on pouvait entendre Kaya soupirer d'une manière qui lui est propre. Elle se redressait alors lourdement, se faisant observer par l'intruse dans la pièce, avant qu'elle ne se dirige vers la fenêtre. Elle venait de remettre correctement sa chevelure sous son bonnet qu'elle ne quittait jamais puis tourna la tête en observant un détail assez impressionnant qui vint la surprendre. Les yeux de la femme étaient vairons. Son œil droit était gris tandis que le gauche avoisinait la teinte d'un vert. A ce même instant les deux changèrent de couleur. Ils viraient au marron clair. Et elle restait là, avant de crier vers Kaya qui regardait toujours la scène de dos, par dessus son épaule. A ce moment, elle grimaça avant de se mordre la lèvre tout en fronçant les sourcils, songeant en ne détournant pas le regard sur les origines de cette fille, son passé, et sa raison qu'était d'être venu ici. Glenn quant à lui, venait accourir habituellement comme un héro qui sauve une demoiselle en détresse, saisissant le visage de Thea; c'était son nom d'après l'homme.
"Chtttt... Hé-hé-hé-hé... Thea. Thea! Regardes-moi! Ça va aller! Calmes toi! Calmes toi te dis-je! Tout va bien aller!"
Elle ne se calmait pas, elle semblait être une autre personne. On pouvait apercevoir sur sa chevelure brune, une mèche blanche alors visible une fois les mains de Glenn autour de son visage. Kaya venait de trouver une raison peut être valable sur la situation avant d'entendre l'accalmie arriver. Elle soupira une seconde fois, avant de replonger son regard en direction de la ville illuminée en plein début de soirée. Tout en croisant ses bras, elle vérifia si son arme était toujours présente au niveau de son holster. Elle s'était préparée pour servir dans un bar une fois de plus. Après avoir constaté que ce même employeur trainaît parfois non-loin des quartiers chauds de la ville, en observant. Elle se mise à rire en repensant à ça, puis porta son oreille sur les mots apparemment pleins de surprise, de Glenn à propos de Thea et de ses yeux..
"T'as des yeux magnifiques."
Kaya grimaça de nouveau avant de constater de ce fait que c'était une Kaulins qui était présente dans la demeure, puis elle ajouta sur un ton accusateur et sarcastique.
"Ils me rappellent bien les Kaulins. Leurs pupilles valent une fortune dans le domaine de la science"
La logique des choses se voyait altérée. Elle ne voulait pas d'un handicap sur le dos. Elle réfléchissait alors, tandis que la soirée continuait son cycle inébranlable.
Dernière édition par Kaya Fitzermann | Ethan le Mer 11 Fév 2015, 16:44, édité 19 fois
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