"Obsolètes et absolus sont le fonds de commerce des religions qui placent leur foi en un Dieu immuable, tandis que face à la réalité, le monde est en parfaite évolution. Et nous sommes cette évolution."
- Chapitre I:
Seuls, les halos artificiels de Los Angeles éclairaient l'appartement dans lequel un mort venait joncher le sol. De simples talons épousaient le parquet teinté de sang. Ils venaient ramasser la seule et unique douille avant de repartir dans la direction opposée, laissant la porte entrouverte, et un sourire macabre se dessiner sur les lèvres de celle qui s'en allait. Les locataires n'avaient pas le courage d'observer au travers de la cage d'escalier. Ils risquaient eux aussi de se prendre une balle perdue. Ressortant de l'appartement, les autres n'attendaient que ça pour aller voir la cause de ce bruit perçant d'une arme à feu. Des cris, qu'elle entendit se dégager de la location, une fois qu'ils avaient découvert le corps inanimé d'un ancien agent de police. L'arme encore en main, elle la ramena derrière la ceinture, la calant. Elle n'était pas voyante, et restait légère pour le bruit qu'elle pouvait causer. Une voiture l'attendait loin des lumières et des caméras environnantes. Une berline hors de prix et pourtant si commune dans ce genre de quartiers. Elle ouvrit la porte, venant s'inviter sur le siège passager.
Alors? - Hmm... Un bel effet papillon. - Il n'en reste que deux dans ce cas. - Tes objectifs sont différents des miens. - Oui, je le sais, mais tu.. Vous m'aiderez hein? - Ton arrogance est restée au placard cette nuit? - Hmf'..
Elle regardait l'homme qui conduisait alors. Ils s'étaient rencontrés sur un concours de circonstances. Glenn Anderson. Un Némésis du nouveau mort. Incapable de lui-même lui faire la peau. Pourquoi ne s'était-elle juste pas tirée sans prêter attention à un pseudo-psychiatre avide de pouvoir, d'argent, et bien d'autres choses futiles? Parce qu'ils avaient une personne en commun a renvoyer six pieds sous-terre. Mais une fois cela fait. Qu'allait-elle faire de lui.
Pan. - Hein?
"Pan". Belle onomatopée que voilà lorsque le véritable son d'une arme à feu retenti dans l'enceinte close d'une voiture. Déformant le receveur, jusqu'à laisser une démarcation visible à l'arrière du crane. Une ruelle encore vide de monde et de sens. Ses habits étaient prévus pour ne laisser aucune trace. Ses gants étaient encore portés. Seul la poudre de l'arme marquait légèrement le visage de Glenn. Elle décida donc de sortir du véhicule une fois fait. Le feu rouge venait de passer au vert, mais personne n'était derrière. Et déambulant, elle rejoignait la gare où elle y prendrait un café. Observant une nouvelle fois le soleil se lever sur Los Angeles avant de partir dans un vulgaire hôtel afin de se reposer. C'était le parcours commun de Mia. Sa première vengeance était accomplie. La seconde et celles qui suivront se poursuivraient. Hantant les esprits de certains, apparaissant comme une évidence pour d'autres. Elle observa depuis son smartphone, une fois installée et sa veste accrochée à la chaise, les visages de ceux qu'elle n'avait pas oubliée. Une balle dans la tête. Un coup de sabre dans le dos. Une trahison, digne du parricide. Les visages défilaient sous son doigt, sourire oblige, comme un bon moment passé avec des amis. La prochaine personne était celui sur lequel elle s'était exercée durant un nombre incalculable d'années. Celui qui lui colla un plomb dans la tête. Elle avait hâte. Elle semblait impatiente de reprendre les festivités.
- Chapitre II:
S'approchant longuement des Nightclubs qui ornaient la rue principale de Los Angeles, elle déambulait sans se préoccuper de ceux et celles qui avaient décidés sur un coup de tête, de tromper leurs amis, leur partenaire, ou bien simplement de boire à en être trop ivre pour se souvenir le lendemain. Elle s'était changée, avait brûlé ses vieilles affaires, et rangé l'arme avec laquelle elle volait tant de vies. Elle n'était pas spécialement bien habillée, mais suffisamment assez pour se fondre dans la masse. Observant aux alentours les quelques personnes qui sortaient ou entraient. Elle attendait quelqu'un en particulier, qui ne semblait pas venir. Décidant de prendre les devants, elle se dirigeait vers le trottoir d'en face, une cigarette en bouche, mimant un appel important jusqu'à l'arrivée prédéterminée. Un petit rôle simple pour un impact des plus conséquents. Il s'annonçait alors, après quelques minutes d'attentes, dans la ruelle étroite à laquelle seuls les dealers et les violeurs se sentent à l'abris.
Les mains dans ses poches et la capuche de sa veste relevée sous une pluie battante, il ne semblait pas prêter attention à Mia qui s'annonçait tout comme lui dans ce corridor. Un parterre de mégots et de bouteilles en tout genre. Le peu de la ruelle était éclairé par de vieux lampadaires qui rendaient l'âme facilement sous une légère bourrasque. Elle le laissait avancer doucement avant de l'appeler, sans qu'il ne réagisse.
Hayes... Shawn.
Sur la troisième tentative, il venait de réagir. Mia affichait alors un regard qui brillait aux halos, souriant en face de ce spectacle. Il s'était arrêté, en l'observant sans osciller. L'une de ses mains s'était dirigée vers ce qui semblerait être une crosse, sans pour autant en ôter l'arme de son étui. Ils ne bougeaient plus. Durant un instant la branlée d'eau avait arrêté de tomber. Un visage certain face à celui incompris. Elle releva longuement les mains à hauteur de ses hanches pour exprimer une défense. Celui qui lui colla une balle du 26ème étage, dans la tête venait de prendre rendez-vous avec les fantômes qu'il venait juste d'éradiquer. Qu'est-ce qu'il pouvait bien se passer dans sa tête à cet instant. Encore une fois, elle aurait aimé en avoir la réponse. Disséquer son cerveau sur l'instant pour y voir les changements. Mais elle n'en fit rien. Elle n'était que de passage.
Je te surveillerai toujours Shawn.
Les trombes d'eaux reprirent leur course contre le bitume à l'instant ou un clochard venait de renverser l'une de ses nombreuses bouteilles. Hayes réagit alors en tournant la tête en direction du bruit, dégainant de moitié. Quant à Mia, satisfaite, venait enfoncer ses mains dans les poches avant d'entamer une nouvelle direction, s'extirpant alors du champ de vision de celui qu'elle venait de retrouver. Elle se dirigeait dans une nouvelle direction, celle-ci s'annonçait ardue, elle le savait et s'en réjouissait d'avance.
- Chapitre III:
Se trouvant devant la demeure surplombant la colline, les halos de lumières n'éclairaient que de moitié son visage. L'arme en main, et cette dernière le long de la cuisse, elle constatait la légère activité au sein de la maison. Ils l'avaient remarqué, c'était certain, mais ne semblaient pas savoir de qui il s'agissait. Lorsqu'un homme d'une imposante carrure en sorti, fusil de chasse en main, Mia se vit braquée par le bout du canon. Elle s'avançait légèrement, d'un air serein et confiant. Le visage de celui qui la tenait en joue se dénudait de son expression froide. Le même effet que pour le cadavre de l'ex-flicard qui était son rival.
Toi... En vie... - Ca faisait un bail hein? - C-comment... - A vrai dire... Je déteste qu'on brûle mes affaires... - Ah... Ca... C'était y'a longtemps... - Laisse moi entrer... - Elle va te tuer si j'accepte... Et moi ensuite... - T'es déjà mort North. Comme nous tous ici.
Il l'avait bien compris et venait baisser la pointe de son arme, venant se décaler sur le côté droit du pan de la porte, la laissant libre d'accès. Sur la moitié de visage éclairé, elle afficha un sourire satisfait avant de se diriger au sein de la maison. Un air coquet s'en dégageait, elle était joliment décorée. Divers tableaux non sans valeurs ornaient le hall. Le carrelage était brillant et reflétait le moindre détail. Elle constata même que sa fille menait une vie qui semblait des plus banales lorsqu'elle observa les photos le long du couloir. North lui avait dit qu'elle se trouvait au fond à droite, dans le salon-bar. La pression montait longuement jusqu'à l'ouverture de la porte de la pièce en question.
Alors North, c'était quoi?
Elle ne regardait pas en sa direction, plongée dans un bouquin. La non-réponse lui fit comprendre qu'il y avait quelque chose de différent dans la tournure que devaient prendre les événements. Alors elle releva les yeux, la pression atteignait son paroxysme en comprenant que l'arme qui lui faisait un tête à tête n'était pas celle de North.
Bonsoir ma chérie.
Deux divinités opposées venait d'entrer en contact, comprimant l'air et tout sentiments alentours.
- Chapitre IV:
La pièce paraissait bien plus grande lorsque les deux femmes étaient désormais face à face. Kaya s'était redressée du canapé, observant ladite personne qui la pointait du bout d'une arme à feu petit calibre, et suffisamment précis pour la coller entre les deux yeux. Elles ne disaient rien de plus. Leur regard leur servait à communiquer. L'une des deux semblait indifférente, et l'autre décidée à en finir une bonne fois pour toutes. Le temps les avaient rattrapé alors que North venait laisser entrevoir son visage derrière Mia. Il avait été payé pour ne rien faire, prendre ses affaires et se tirer loin de tout ce qui semblait coller à ces deux némésis respectifs. Elle l'avait compris et acceptée, souhaitant seulement ne jamais recroiser sa route sous peine de le tuer. Quelques minutes suivaient le silence qui se reposait de nouveau à-même la pièce. North avait quitté le terrain au volant de son pickup, rejoignant surement une personne qui saurait l'héberger, ou lui trouver du travail.
Et Kaulins, t'en as fait quoi? - Ce qu'aurait du faire Effy. - C'en est fini donc... - Une balle dans la tête ne pardonne pas.
Elle avait raison. Une détonation à bout portant face à un visage ne pardonne que très peu. Les causes à effet étaient bien là. Tout ce qu'ils avaient fait était payé en cette nuit noire. Un meurtre même au nom de sa propre justice reste un acte qui n'est pas pardonnable aux yeux de la loi. Tuer quelqu'un parce qu'il désire mourir est tout autant compris qu'un viol ces temps-ci. C'est ainsi que les choses étaient faites. Et pourtant celle qui pointait l'arme en avait commis des masses.
Tu comptes faire quoi après ça... - Recommencer, encore et encore. Jusqu'à ce qu'ils comprennent. - Pas sûre que ça marche Mia...
En vérité elle ne l'a jamais appelée "maman". Qu'est-ce que c'est réellement qu'une mère, vu qu'il n'y a pas de notice pour les parents. Elle en était peut être une mais pas à ses yeux, et certainement pas à ceux cadavériques d'Ethan, qui voyait les choses sous un autre angle.
J'avais pourtant réussie à calmer les choses entre nos deux familles... - Jusqu'à quand pour que le patriarche décide d'agir hein... - Todd Kaulins est mort il y a des plombes. - T'as conscience qu'ils nous cherchent? - T'as tué le dernier... - Et Dexter t'en fais quoi hein? - Lui aussi est mort. - Comment tu peux en être sûre Kaya. - A prendre l’œil atteint de son père, il est certain qu'il n'a pas du durer. - Dans le pays des aveugles, le borgne est roi.
Une citation que trop bien connue, mais qui ne semblait rien dire face à la jeune femme. Une tournure de phrase trop approximative pour un cas comme celui-ci. Sur les minutes qui suivaient, Kaya ne détournait pas le regard de celle qui apposa son index sur la détente appuyant longuement sur cette dernière.
Je reprends les rennes ma fille...
Une détonation. Une seule détonation qui engendra la chute d'une femme repentie. La vitesse accompagna le bruit du choc, démontrant que cette balle logée dans le cortex cérébral lui était fatale.
- Chapitre V:
La balle venait de terminer sa course longuement sur un soupir de douleur. La chaleur avait cautérisé la chair dans le trou formé et les globules rouges s'étaient évaporés jusqu'à ce que la machination termine son parcours. Le bruit avait surement éveillé les voisins du coin, et c'est sous le regard satisfait que quelqu'un venait s'introduire dans la pièce.
T'es pas la seule à avoir survécu d'une balle dans l'crâne...
Il se tenait là, accoudé contre le pan de la porte, le crâne ensanglanté au travers du bandage de fortune, et sa vieille arme de service d'ex-policier de la main droite. Il haletait comme un animal sauvage en s'efforçant de mobiliser son mental dans le coude qui lui permettait de se tenir à peu près droit. Kaya quant à elle ne bougeait toujours pas. Dans l'incompréhension la plus totale, elle observait successivement le cadavre frais de sa mère, et l'état d'Ethan. Les bras ballants le long du corps, elle se dirigea vers le bar, attrapant la bouteille de whisky déposée dessus. D'un geste simple et bref, elle l'ouvra, et pris de lourdes, très lourdes gorgées, comparable à un assoiffé devant un puis. Elle grimaça lourdement, venant se tenir le ventre, et dans un simple élan, elle vomit.
Il faut parfois un réflexe inné pour comprendre la situation...
C'était ça. Ethan l'avait joliment expliqué dans son bain corporel sanglant. L'esprit est détaché du corps, et si il se focalise sur une action, un réflexe humain qui focalise le mental sur une chose en particulier qui la détournera du sujet d'attention, alors une fois que son regard se braquera de nouveau dessus, elle réalisera. Chose qu'elle fit la minute suivante après de longues peines forcées mêlées aux glaires. Comme un vieux cauchemar, elle se réveilla en pleurant. Les larmes coulaient à flot tandis qu'elle se tordait de douleur en face de sa défunte parente. Un profond gémissement s'en suivi alors que ses genoux ne la supportaient plus. Ethan avait la gueule enfarinée. Une tonne d'anti-douleurs parcouraient le long de son corps jusqu'au cerveau. Ils étaient tellement forts qu'ils en avaient anesthésiés le crâne. Il ne pouvait pas penser, ni même réfléchir face à l'acte accomplis.
Les sirènes tonnaient de plus en plus fort, jusqu'à l'arrivée de la police présentement appelée par le voisinage. Les patrouilleuses, arrivées en trombe, encerclaient l'allée de la demeure. Les agents ne se firent pas prier pour enfoncer la porte, dévoilant des faisceaux lumineux provenant des torches accrochées aux armes. Ils hurlaient tout autant que Kaya pouvait pleurer. Des ordres; d'innombrables ordres annoncés les uns après les autres, comme un cours bien appris. Ethan venait lever les mains vers le ciel, lâchant l'arme qu'il possédait. Puis dans toute cette masse, un homme en particulier venait à apparaître face à la scène.
Salut Hawks. - Putain d'merde. T'es toujours dans les bons plans toi. - Tu m'en diras tant... - Tu peux m'dire ce qu'il s'est passé? - Le récit de toute une vie... - Ça promet d'être passionnant.
Blasé, et sûrement amené à mieux faire en cette soirée, un vieux collègue venait d'en retrouver un autre. L'histoire se mêlait aux valeurs de la justice, créant un cercle vicieux qui ne pouvait passer entre les mailles du filet. Mia, malgré la balle, était restée consciente durant quelques minutes après l'arrivée, affichant un sourire satisfait sur son visage une fois que la raideur cadavérique se mêlait à la chaleur descendante de son corps.
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