- Welcome back:
Los Angeles... La cité des anges. Ouai, enfin... Elle aurait plutôt tendance à tourner du côté des démons ces temps-ci. J'y suis arrivé, et tout ce que j'ai vue, c'est la même ville que j'ai quitté il y a deux ans, en pire. Une ville rongée par les corrompues, les racistes, les gangs, et les petites organisations criminelles locales qui tentent de se faire une place. En roulant dans la rue, la seule chose que j'ai vue, c'est soit la vie de riche dans un quartier, soit la vie du misérable dans un autre. Une ville coupée en deux. Les faibles et les puissants. Les riches, les pauvres. Les blancs d'un côté, le reste de l'autre. Il n'y a pas de place pour la tolérance dans une ville comme celle-ci, comme partout ailleurs faut croire.
Là où je me suis arrêté, c'était du côté qui était destiné aux gens comme moi. Le côté miséreux. WilloBrook précisément. Me revoilà chez moi, et ce quartier ne va pas mieux. Il s'empire. Drogue, alcool, armes, dans les mains de jeunes gens dont la santé se dégrade. Certains se portent bien, d'autre font les forts alors qu'ils seraient incapable de soulever une chaise. Je pleures pour cette vie de merde que certains ont, en repensant à la vie de rêve que Damian a.
J'ai garé ma voiture à ce motel, un peu plus loin. Le ciel était pas terrible, gris. Les jeunes traînaient et squattaient là. Un groupe d'afro étaient autour d'une lowrider flambant neuve. A croire qu'il y a quand même de l'argent qui circule. Je les ai salué, sous la capuche de mon sweet, puis j'ai franchi la porte. Je me suis approché du vieux derrière son comptoir, j'ai demandé une chambre. Il a relevé la tête, se moquant légèrement... Surement ma tenue déplorable et mon aspect physique en général. Je l'ai fixé... Le genre de regard qui fait comprendre à une personne qu'on ne rigole pas trop quand on me parle.
Il m'a donné immédiatement une clé, je l'ai remercié, puis j'ai monté l'escalier, et traversé le couloir. Les sonos sortant de chaque chambre, le bruit des gosses qui courraient, et d'autres bruits... Le brouhaha était bien au dessus de ce que j'arrivais à supporter d'habitude. Qu'importe... Je n'ai pas le temps de déverser ma colère sur eux de toute manière. Je suis arrivé devant la porte de la chambre. La clé avait du mal à rentrer dans la serrure usé. Et alors que je galérais sur cette porte, un jeune, pas plus épais qu'une feuille de papier, est venu m'aborder... Enfin... M'agresser...
"Yo mec ! Donne ta clé ou..."
A peine fini de parler, je lui avais déjà fracassé la tête contre le mur en la frappant à deux reprises, avec ma seule main droite, en continuant d'ouvrir ma porte, sans aucune pitié ni autre réaction. Il était au sol, pleurant, se tenant la tête, et c'est en le regardant souffrir et en soupirant que j'ai fermé la porte derrière moi. J'ai retiré mes habits, puis je suis entré dans la douche. En ouvrant le robinet, je me suis rendu compte que l'eau coulait... C'est peut être normal, mais dans ce genre de motel, c'était déjà un exploit.
Je me suis assis là... Dans la baignoire, fermant les yeux, réfléchissant... La seule chose que je voulais à ce moment... c'était oublier les bruits dehors, et être au calme... Le calme. C'est la meilleure chose qui existe au monde, le calme.
- Solution:
Il fallait que je trouve une solution... Comment approcher Damian ? La question se posait, et c'était logique. Comment faire pour être sûr de ne pas me prendre une balle dès mon arrivée ou de ne pas le tuer lui avant même d'avoir parler. Oui... Je voulais qu'il parle... Je voulais l'entendre se justifier avant de pouvoir le tuer lentement.
Ma solution était toute trouvée. En réalité, je le savais depuis le début. Je savais qu'il me fallait un intermédiaire, et à WilloBrook il était facile d'en trouver un. Et pendant que je lui rendais une visite surprise, je visitais ce quartier. J'avais l'impression de ne jamais l'avoir vu avant. Je redécouvrais... Une misère encore plus profonde qu'avant. A pied, on se rend mieux compte de la situation. On entend les gens parler. La plupart ne parlent que de ce qui se passe chez eux, les plus grands parlent du monde comme si c'était l'ennemi, un étranger. Il y a eux, et le monde. Ils prônent des valeurs dont eux même ne comprennent pas le sens. C'est triste... Ils croient se battre contre le monde pour une cause, alors qu'au fond, il ne font que se battre pour autre chose. Quelque chose de plus grand, profitant à ceux qui tirs les ficelles, qui leurs mettent de faux espoirs dans le crâne. En marchant, on en voit d'autre, des mecs à dix contre un, des drogués, des SDF, des squatteurs. De l'autre côté, on arrive tout de même à voir des pseudo-rappeurs, des sportifs. Ils vivent tous en petit groupe, non en grande communauté. Chacun a sa partie du quartier, parfois même un morceau de rue. Le genre de mecs que l'on trouve d'un côté du trottoir ne sera pas le même que celui que l'on trouvera de l'autre côté. C'est triste à dire, mais au moins, avec les Willo Boys de Damian, on avait une communauté soudée autour d'un petit groupe de leaders, et avec une grande tête pensante en haut de la chaîne. Aujourd'hui, il y a tout à refaire à celui qui le voudra. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il ne reste plus qu'une seule personne lucide dans ce quartier, connaissant son histoire, et ainsi celle du monde en dehors de ces rues. Et cette personne était toujours là, assis devant le seuil de sa porte, contemplant ces jeunes gens naïfs.
Je m'approchais de lui, venant jusqu'à m'asseoir à côté de lui, sans dire un mot, en me mettant moi aussi à fixer les jeunes qui marchaient. Un long moment de calme entre nous deux, prouvant la sagesse débordante de l'homme assis à côté de moi par rapport à ses voisins. Une autre personne du coin aurait déjà entamé une conversation, ou des provocations. Lui, il se contentait d'observer les autres, tout en m'observant moi, faisant la comparaison de deux genres de pensées différentes: la mienne, et celle du monde.
"Mmh... Regarde les Shawn, tous... Ils ne valent pas mieux les uns les autres, et pourtant ils continuent de croire qu'ils sont la révolution de ce quartier.... Quelle tristesse. - On croirait entendre Jessy - Dwayne surtout... Mais je suppose que t'a pas pris le temps de faire connaissance avec. - Pas vraiment non. - Tu t'es jamais demandé ? - De ? - C'était peut être lui le gentil de l'histoire... Pas tes soeurs. Et me parle pas de ces pauvres filles que t'a perdu... T'aurais été dans l'autre camps, ça aurait été tes soeurs les tueuses. - J'suis dans aucun camps. - Voila quelque chose qu'on a en commun... - J'croyais que tu bossais pour Damian. - J'suis pas son chien, juste un mec qui l'aide de temps en temps, mais j'n'approuve plus ce qu'il fait depuis qu'il est partit de ce quartier. J'approuve encore moins depuis un certain temps. Mais dis moi ce qu'un gars comme toi viens faire de nouveau à Los Angeles."
Je n'ai d'abord rien dit... Réfléchissant aux conséquences de mes paroles envers cette homme, proche de Damian à l'origine. On c'est regardé longuement. Il attendait une réponse, avec cet air interrogatif.
"J'suis pas revenu pour dire bonjour à mes soeurs si t'attends cette réponse. - Non non... Toi t'a une tête à dire au revoir à Damian."
- Arrangement:
"Tu sais... - Je sais tout... enfin, ce qu'il faut savoir. - Essaye de me tuer et... - C'est pas ce que je veux... - Qu'est ce que tu veux ? - Ecoute Shawn... Ca fait vingt ans que ça dure avec Damian. Et tu sais ce que c'est... Grande et heureuse famille... Pour ceux qui resteront. - Bah si t'en veux pas, casse toi. - Et regarde ce que ça t'a apporté. T'a pas l'air de bien comprendre... Tout ceux qui quittent Damian finissent six pieds sous terre en moins d'une semaine... Enfin, en théorie. Il faut que tu m'aide à me sortir de là. - D'accord... Mais j'veux un entretien avec lui... En lieu public."
Ma réponse était catégorique. Après tout, je n'avais pas réellement quelque chose à perdre en l'aidant, du moment que j'atteignais mon but. Lui, il était en pleine réflexion, ne sachant que répondre à cette requête. Il soupira, ajoutant rapidement.
"Achète toi des fringues, et bordel de merde rase toi, et coiffe toi, on dirait un clochard. Je te dirais où et quand. J'espère que tu sais ce que tu fais... Parce que dès qu'il va se rendre compte que le rendez vous, c'est toi, et pas moi, j'serais mis en haut de sa liste."
Il doutait. Il pensait que cela le mènerait à la mort. Il avait sans doute raison. Damian ne supportait pas l'idée que je sois vivant. Il risquait encore moins d'apprécier que je prenne ses hommes sous mon aile. Le rendez-vous avait lieu le soir même. Le vieux Noah savait se montrer persuasif envers Damian. Je n'avais que quelques heures pour me préparer. Je me suis contenté d'une tondeuse... Les cheveux coupés courts, la barbe aussi. L'eau coulait dans ce vieux robinet de cette vieille chambre. Et après m'être passé l'eau sur le visage, et en relevant la tête... Je ne sais pas... Une sorte de... haine, de colère... Je m'entendais respirer, fortement, toujours l'eau qui coulait. Et j'ai frappé le miroir, le brisant en plusieurs morceaux, tombant dans le lavabo. Je n'avais pas ressentie ce genre de sentiments depuis un certains temps... Ce n'était peut être que le ressortie de toute ma colère refoulé depuis deux ans. L'idée que je reprenais un air de personne civilisé, peut être... Surement. J'enfilais ces vêtements neufs, remplaçant mon vieux sweet à capuche. Plus de capuche... Plus rien ne cachait mon visage. Pour la première fois depuis plus de deux ans, je me sentais comme une personne normal, un être banal. J'étais juste un homme parmi tant d'autre. Mais encore une fois, ce n'était qu'une illusion, cachant un homme détruit.... Le cachant juste un peu mieux.
Il devait être vingt heures quand je suis arrivé devant ce restaurant, en plein Downtown. J'y suis entré, et je contemplais les individus normaux, des marionnettes, qui s'animaient, qui parlaient, riaient. Des personnes qui mangeaient. On entendait le bruit des couverts résonnant dans la salle. Je cherchais du regard celui qui était maintenant l'ennemi... Damian. Il était posé sur une table au fond du restaurant, contemplant le plafond. Il ne m'a même pas vue m'asseoir en face de lui. Seul le bruit de la chaise avait trahi ma présence. Il continuait de regarder le plafond, tout en ajoutant d'un air méprisant:
"Bon, qu'est ce qui m'veux le vieux Sage de WilloBrook. - Noah ne viendra pas Damian... Du moins, pour toi, il ne viendra plus jamais... - Idiot..."
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