________________________________ AH TA GUEULE MERDE! Ah putain c'est mieux... Merde ma tête... J'ai bu combien de verre hier.. J'les ai même pas compté tu m'étonnes. J'ai du finir dans un sale état...
J'me retrouvais là, dans mon appartement, sans rien de vraiment rangé. Non même honnêtement, c'était le bronx. J'avais plus rien dans l'estomac, j'imagine même pas la quantité d'alcool qui coulait encore dans mes veines lorsque ce con de téléphone s'est mis à sonné. Puis j'me suis levé, enfin non. J'ai glissé comme une merde du canapé. J'ai rampé jusqu'à la salle de bain, me redressant de moitié. J'avais du mal à voir comme quelqu'un de sobre sur le moment. Trois claques. Ça revenait pas. Une douche alors. J'en ai pris une gelée. J'suis revenu devant le miroir. J'y voyais toujours rien. Deux autres claques, et... Et non, toujours pas donc jusqu'à la cuisine. Café. Café serré. Café allongé. Red bull. Du bacon. Et deux pommes de terre. Ça allait éponger j'en suis certain. Ça fait combien de caféine dans le sang ça... J'en sais rien. J'ai terminé sur une dose de MD. Pourquoi une dose? C'est pas plus mal. Et c'est en cas extrême. J'avais le boulot qui m'attendait juste après. Putain, si on me voyait comme ça. Pour un sergent, ça me foutrait mal. Très mal. Brossage de dents par la suite. Crème. Parfum. Coup de peigne. C'est parti. Mais j'oubliais le téléphone qui sonnait, laissant un message sur le répondeur. Alors que je m'habillait tranquillement, j'ai remarqué que le salon sentait la mort. Fallait vraiment que je prenne le temps de m'occuper du nettoyage et d'aérer. C'était plus possible. Comment j'pouvais croire sur le moment qu'une nana était venue la veille. D'ailleurs y'avait toujours son petit papier avec son écriture rouge. Une conquête de plus. Un numéro encore inconnu sur le smartphone. J'aime pas faire ça, mais c'est un palier à la solitude. J'l'ai foutu dans ma poche. C'était pour plus tard. J'venais de finir de m'habiller, j'venais prendre mes clés et ma veste. Ouvrant tranquillement les volets de l'appartement par la suite, clope au bec, prêt à partir. Je sentais que l'alcool descendait peu à peu. J'avais déjà la bonne haleine, ça suffisait. Les cartons, tout le bordel, j'ai pris le temps de le ranger. De toute manière, un perfectionniste comme moi.. Ça se refait plus. La trentaine et puis... Et puis quoi déjà... A si... Puis, l'heure... J'aurais pas du regarder l'heure.
- Nausées:
Être assis là, en train d'écrire mes mémoires comme mes ancêtres auparavant. Réfléchir au sens de ma vie et de son futur. C'est un peu comme la dépression au final. On en sort plus de cette merde. D'ailleurs je crois bien être dépressif. Le genre de type que plus rien ne semble amuser. Le genre de gars qui ne mise que sur l'ironie et le sordide. Pourtant je sais ce qui me motive. J'ai des sentiments comme tout le monde. Je suis bien humain sur ce point là. Mais qui voudrait d'un père qui foire la vie de ses proches? Ma fille m'a été prise par les services sociaux après la mort de sa mère... Je... Je ne pourrais pas dire son nom... Le fait d'y penser est assez douloureux... Je suis là, devant des tonnes de papiers à remplir, autant personnels que professionnels. Je sais même pas si l'on prête attention à ma vie. Par moment j'ai juste envie de me jeter sous un train et d'en terminer.. Mais ça serait lâche... Lâche.. Le mot parfait pour m'identifier. J'ai renié tellement de fautes. De méfaits, certains même n'étaient pas de moi. Mais on m'accusait à leur place... Je suis flic. Je suis un sergent intègre qui s'est fait souffler dans les bronches par son Chef parce que je préfère la convivialité à la procédure. Ou va le monde, on nous parle de confiance quand des cadets, ou ex-cadets sont impliqués dans des réseaux de narco trafiquants... C'est pas un comble ça?
Quoi qu'il en soit, la réalité est bien présente. Je suis seul, face à moi-même dans un appartement qui ne dépasse pas les 70m². Je ne suis ni aimé, ni admiré de personne. Je ne dois rien. Je suis ce que je suis et le monde s'en porte mieux j'ai l'impression. Mais... Quelqu'un m'a dit un jour... Beaucoup de monde aspirent à la solitude, mais peu la supporte. Est-ce que j'en fais partie? J'en sais rien, je ne sais même pas de quel côté me placer. Mais le poste que je côtoie actuellement me convient. Le deuil, l'énervement... Faut vraiment avoir les nerfs tranquilles si on ne veut pas péter un plomb la dedans. Qui fait le travail de qui... Qu'est ce qu'on s'en cogne du moment qu'il est fait. Et je le fait la plupart du temps tout seul. Alors pourquoi être sergent si je désire être tranquille vous m'direz? Simplement parce que je n'ai pas eu le choix et que j'aspire à de grandes choses. Est-ce que c'est mal? C'est mal de vouloir réussir dans quelque chose que l'on désire entreprendre? C'est mal que de se plaindre d'une solitude sentimentale bien trop longue? Si c'est le cas, alors j'en accepterai la sentence, mais j'en rirai. Je ne suis pas le genre d'homme à se laisser abattre. J'ai un but dans la vie. Un ultime but avant que tout ne s'arrête pour moi. Redorer le nom des Kaulins, en mettant à l'ombre les meurtriers de ma famille. Même si je dois en perdre la vie, être plein H24, ou que mes membres me lâchent, j'aurais cette récompense qui m'est chère.
Mais en ce moment tout est bien différent. Certaines choses m'attirent. Choses auxquelles je n'aurais jamais songé depuis la mort de Lindsey. En un sens ce n'est pas plus mal, ça va faire un an et demi que ma fille est née. Sans présence féminine a ses côtés, elle vivra mal, se développera mal. Je crains pour elle, comme je crains pour cette femme. Comment faire. Le traumatisme de la mort à l'air d'être avec elle. Se faire tirer dessus à été suffisant pour voir à quel point elle est attachée à la vie... Ou à la mort, tout est relatif.. C'est avec ce songe que j'entame alors la redescente.
Rien que d'y penser, ça me donne la nausée.
- Migraine:
Bonne soirée qu'elle disait. Comme si ma soirée allait être bonne... Pizza, bouteille d'eau, et une salade toute simple, sans condiments pour parfaire le tout. Ceci évidemment sur le lit, sans retirer le stylo de la page entamée, avec un orchestre symphonique pour rajouter la touche d'héroïsme dans l'acte. Bien que je ne sois guère un héro. J'ai relevé le cadre se présentant actuellement à ma droite. Ma fille m'avait manqué. Mais que voulez vous que je vous dise. Lorsqu'on est suspecté d'un crime que l'on à pas commis, on ne peut rien faire pour garder ce qu'on a de plus cher à ses yeux. Je sais même pas si le LAPD est au courant de ça. Mais bon, lorsqu'on est en contact au moins deux fois par jour avec des détectives privés sur l'affaire Downtown, ça devient barbant. Encore plus lorsque ces derniers te posent constamment les mêmes questions. Que faisiez vous? Où étiez vous? Un témoignage? Comment ça vous ne savez plus, mais alors pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt? Et j'en passe. Elle est morte sans que j'en sois l'instigateur. Et encore autre chose bordel de merde, je l'aurai défendu au péril de ma vie! Maintenant, j'essaie de vivre avec ces démons, et je tente d'avancer le pas devant l'autre. Bien qu'il soit parfois difficile, il en vaut la peine. Jours après jours, être au service de police devient addictif. J'aime bosser, c'est clair, ça change les idées, mais j'aime mon équipe. Bien qu'apparemment ça ne suffise pas, c'est toujours mieux que rien.
Et là, je suis en face d'une pile de dossier dont je n'ai ni la provenance, ni la destination, mais mon nom est inscrit dessus, avec d'autres dont je ne connaissais pas l'existence... Kaulins... Caldwell... Fitzermann... Lyons... Hayes... Toro... Tout ça qui se trimbale sur mes papiers, et au fur et à mesure, j'arrive plus à distinguer, je me perds. Ma tête chauffe réellement, et ça me cause de vilains maux. C'est la que l'heure de la clope et de la bière font leur apparition. Comme un ryte dés que j'en vois plus la fin. Ça m'aide à m'éclaircir les idées, mais elle revient toujours en tête. Elle et son sourire compatissant. Chose étant et ça en devient troublant, ce n'est pas Lindsey. Ce suis en train de foirer ce dans quoi je m'étais engagé, et c'est mauvais.. Très mauvais et pourtant ça ne cesse pas. Mais que diable dois-je faire alors?!
Au lieu de me soulager, ça commençait à empirer. La décuve entamait alors son cycle, enclenchant la migraine.
- Aspirine:
Ce sont des choses auxquelles on s'attend pas, tu te lèves un matin, avec une boule dans l'ventre. Tu n'as pas l'envie, tu veux hurler tu sais même pas pourquoi. Une haine profonde qui ressort en l'espace de quelques secondes, qui font que ta journée ne sera rien autre que "fermes ta gueule physiquement", "fais du vent et tire toi", "pourquoi tu m'parles toi, j'vais t'péter les dents". En gros t'as la haine du monde qui t'entoure sans aucune raison. Ouais, on peut dire qu'on s'est levé du mauvais pied, mais à c'moment là je pense aux rescapés de guerre sans jambes. Donc c'est morbide. Rien n'était intéressant ou ne méritait mon intérêt. Les conducteurs étaient tous les mêmes, des connards sans valeurs. Les morts c'était la même. Un simple corps décoratif qu'on à oublié de ranger dans un sac noir. Puis le soir, une fois que tu as vu passé les quelques cent mille secondes de ta vie dans une journée qui s'annonçait et étaient merdique à souhait, tu vas te détendre au bar. Enfin.. Se détendre... Si j'avais su, j'aurais seulement passé mon chemin, mais deux choses se sont produits dans cette soirée auxquelles je ne m'attendais pas. De une, j'avais jamais aussi peu bu dans une soirée. De deux... J'suis dans la merde... Un secret percé aussi simplement... Mais au fond, n'en avais-je pas envie? J'étais parti pour tout balancer, et au final, bah j'ai tout balancé. Les basses cognaient. La musique était forte. Le rhum orange, particulièrement bon. C'était une remontée mémorable dans ma soirée. Un sur cinq était venu à moi. Tel est pris qui croyait prendre. Mais qu'est ce que je m'en fou. Le passé appartient au passé. Que les morts reposent en paix. C'est toujours mieux que de remuer des cadavres pour en faire sortir les vers.
Sa prétention m'aurait fait péter un câble si j'avais pas pris sur moi. La migraine était toujours là.
Plus tard, c'était chez la bleue qu'on est allé, après avoir marché genre une dizaine de minutes avec Clyburn. C'était sympa, il est exécrable ce négro, j'sais même pas pourquoi je l'apprécie. On à donc fini à quatre chez la bleue, à sortir les bouteilles qu'elle n'avait pas ouvert depuis longtemps. Elle a un chat, con d'ailleurs, mais cool. Et une putain de baraque que mon salaire de sergent ne saurait m'offrir. Ah... Les filles à papa de merde. Puis celle-ci... Si Caiden n'avait pas bourré mon crane de conneries, je serai pas avec elle à l'heure qu'il est... Attends... Je suis officiellement avec elle ou pas du tout officiellement? Merde.. J'aurais du poser la question.. C'était un sacré remontant pour la soirée. Mon aspirine, tu vois le genre. M'enfin, j'suis content. La solitude devenait barbante.
Qu'est ce que je suis en train de dire moi, avec tout ce bordel sur la table.
- Manque:
"Vous êtes pas fait pour être flic vous, j'vous vois plus appliquer la justice en parallèle avec votre taff'. Le genre de gars qui oeuvre pour la bonne cause sans réellement en être dedans." qu'il m'avait dit le type... "Nos familles sont fait pour être proches" que m'avait dit l'autre...
Au final, j'sais pas quoi penser réellement. Qu'est ce que je fais là. Je suis devenu Capitaine, je suis devenu le conjoint d'une femme qui me plaît. Mais je sens toujours le manque... Ce quelque chose qui te dis que tu n'es pas encore heureux... Ma fille...? Nan, j'ai appris a vivre sans elle, les services sociaux s'en occuperont bien mieux que moi, malgré qu'elle me manque ouais... Pourquoi est-ce que je suis là, à regarder Noa dormir paisiblement, assis sur mon nouveau lit... J'avais besoin de prendre l'air, j'ai juste enfilé un short pour sortir en face de la maison, me griller la première clope de mon défunt frère. "En ton honneur Todd" que j'avais soupiré lorsque je commençais à tirer dessus. Mon reflet était toujours là quand ça n'allait pas. Il me regardait comme je le regardais. Toutes les informations que j'avais arrivaient à maturation. C'était un foutoir mémorable dans mon cerveau. Je n'étais pas heureux. La vie que je commençais à mener ne me plaisais pas... Mais je ne veux pas faire de mal. J'ai pas envie de rompre, j'ai pas envie de perdre mon statut et mon salaire... Puis dans quoi j'me remettrait si je venais à quitter mon poste? Balayeur? Nan... C'est pas fait pour moi. Mais j'suis bon à quoi dans ce cas... A faire le solitaire comme toujours, et partir en pleine nuit marcher dehors entre deux monologues en compagnie de mon ombre? Je vois beaucoup plus loin que ça... Mais ça... Ca me fou la peur dés que j'y pense. Tout le monde cherche le pouvoir et l'argent... Moi je cherche mon but... Ce qui me fera frissonner, et qui me donnera du fil à retordre pour y arriver. J'ai un fond de salaire en banque et je compte pas quitter le pays. Justice à été rendue depuis longtemps, il est temps de réfléchir à l'avenir... Mais quoi...
J'ai pas envie de me marier. Pas envie de mener une vie banale. C'est triste à dire mais pourtant vrai bien que je tiens à Noa. Et si je les écoutais... Qu'est-ce qu'il arrivera de moi? Je veux pouvoir vivre sans me soucier de ce qu'il pourrait m'arriver demain... Mais je ne désire pas mourir pour autant... Je les ai entendus, voire même écouté... Si je venais à faire pencher la balance, comment faire... Comment s'organiser... Comment comprendre et réagir... Et merde... Faut que je rentre... J'veux pas qu'elle s'inquiète.
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