Pouvoir s'exprimer librement. Voila... Voila ce qu'il me faut. Un cahier. Ce cahier. Il fera largement l'affaire. Je n'ai pas, ou du moins, je n'ai plus personne à qui me confier librement. Alors pourquoi pas écrire...
Après tout, l'écriture peut permettre de se libérer, telle une confidante. J'écris comme ça, ce qu'il me vient à l'esprit. Et si certains point sembleront alors abstrait, ou mal liés les uns les autres, peu importe, qu'il en soit ainsi... Je n'écris pas parce que je me sens libre. Je le fais parce que j'ai la sensation de ne pas l'être... De ne plus l'être. Prisonnier d'un système qui ne veut pas de nous, et se voir errant, cherchant un sens à ce que l'on fait, à chaque instant, seul, perdu, tentant desespérement de faire croire que tout va bien quand tout va mal. Perdu... Je suis perdu. Alors reprenons depuis le début.
Je m'appelle Nesta... Souvenez vous de ce nom, peut importe celui qui lira ce cahier. Et malgré tout, j'espère que vous comprendrez...
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- I was born:
Non. Mes parents n'étaient pas des drogués, des tueurs, des criminels. Non, non. Tout ce que je suis aujourd'hui, je le suis parce que j'ai suivie une voie... La mauvaise voie.
Je suis né en campagne. Blueberry, dans l'Oak Spring. Un petit coin sympa. La maison n'était pas en Blueberry même, non. Elle était prêt d'une rivière. Une vieille maison, pas très équipée, juste de quoi vivre. Un endroit calme. Une enfance paisible. Encore plus avec elle, ma soeur. Elle qui est si gentille... Je n'ai jamais eu à me plaindre. On vivait dans la misère, mais c'est bien en ayant rien qu'on ne veut rien. Le bonheur se cachait dans le coeur de notre famille. J'étais heureux, avec un goût pour la curiosité, mais un mal incroyable à faire ce qu'on me demandait au moment voulu. J'oubliais tout... Une véritable tête en l'air, on peut le dire comme ça ! Oui oui, je l'étais réellement. Incalculable le nombre de fois ou je suis partie en cours sans mon sac.
Que demander de plus? Rien ne me prenais la tête. Un calme incroyable, joyeux de vivre. Mais on sait tous que le paradis sur Terre n'est qu'une illusion, et que celui ci peut très vite tourner à l'enfer. Avant d'en arriver là, à ce soit disant enfer, il faut remettre les choses dans leur contexte. On va y arriver, mais plus tard. Pour le moment, je préfère me souvenir de choses heureuses avant d'affronter la réalité...
Si je devais comparer mon enfance à celle de Ryan, je la mettrais à l'opposé... L'opposé à son paroxysme. Et cependant, me voila avec lui et toute une équipe. Comment j'en suis arrivé là? Je ne sais plus. Ca me reviendra surement.
Tout au long de mon enfance, j'ai appris comme les autres: Lire, écrire, parler, marcher. J'ai appris aussi par mes traditions, le jamaïcain. Une famille très traditionnelle. J'ai eu du mal à apprendre, mais j'ai appris, et aujourd'hui encore j'apprends. Et pendant que j'apprenais, et alors que j'écris, je me met en tête cette rivière. C'est les seuls moments, aujourd'hui, qui peuvent me redonner le sourire. Si il y a d'autres choses qui peuvent me rendre heureux... Je ne les ai pas encore trouvé. Cette rivière. On y passait des après midi entiers, des journées entières, tous ensemble. Sous cette arbre, à l'ombre. On discutait, on jouait, on s'amusait, on rigolait. Parfois, j'y allais seulement avec ma soeur. C'était peut être les moments les plus magiques. J'avais une grande affection pour ma soeur, et c'était réciproque.
Mon Dieu ! Qu'on était heureux tous ensemble... On était heureux... Tous... Quand on était tous ensemble...
- Le calme avant la tempête:
Mon anniversaire. Mes 10 ans. Je fêtais mes 10 ans ce jour-là... Et se dire qu'une semaine après, un drame se produit... Mon Dieu. Si heureux un jour, si triste la semaine suivante.
Cette fête d'anniversaire était sans doute la mieux réussite. Pas beaucoup de moyens, mais on s'était bien amusé. Mes parents, ma soeur et moi, on était heureux. Mes amis étaient venu. Quelle journée ! Elle était magique cette journée pour moi. Nous voir si heureux, c'était incroyable.
La semaine commençait alors bien. J'étais content, je ne faisais pas trop gaffe à ce que je faisais. J'ai bien pu oublier les trois quarts des choses qu'on me demandait que ça m'était complètement égal. J'étais bien plus distrait que d'habitude. Mais bon, je m'en foutais, du moment que j'étais content. Sur cinq jours de cours, j'ai oublié trois fois mon sac. Peu importe, puisque j'étais content. La joie de vivre que j'avais à mon enfance était incroyable. Si bien que cette semaine là est passé beaucoup trop vite et que j'en ai bien trop peu profiter... On arrivait sur le week-end. L'école me passait complètement par dessus la tête sur les dernières heures qu'il me restait. Une fois rentré chez moi, j'ai posé mon sac, j'suis partie à la rivière. Comme une habitude que j'avais soudainement prise. Je ne partais jamais seul avant ça. Mais bon... Comme je l'ai dis, j'étais plus distrait que d'habitude.
Alors quoi... Tout allait bien. On se dit qu'une semaine comme ça, il n'y a plus rien qui peut la briser. Et pourtant si. Le Dimanche soir. Tu vois bien la situation. Un dimanche soir. Vraiment sur la fin de la fin de semaine. Tout c'est écroulé d'un coup. En l'espace d'une minute... Une seule minute. Une minute aura suffit à tout faire basculer... Une seule putain de minute ! L'une des plus tragique de mon existence...
Il y a une semaine, je fêtais mon dixième anniversaire avec lui... Ce soir là, je l'ai trouvé. Allongé au sol... Sans comprendre ce qui ce passait, j'étais là... J'ai pas réagi. J'étais seul... Ma mère et ma soeur étaient surement partie faire des courses. Et moi j'étais là, face à lui... Un pauvre homme, mon père, allongé au sol, sur le ventre... Inerte. Plus rien ne bougeait... Il n'y avait pas de sang ou quoi, non, il était juste là... Mort.
- Déchirure:
Fixe, immobile, je n'ai rien fait, rien du tout. Je ne réalisais pas tellement... Je ne bougeais pas, je n'entendais rien, comme si le temps c'était arrêté... Jusqu'au moment où elles ont franchi la porte. Ma mère a vu le corp en premier, elle a surement échappé son sac à ce moment là. J'entendais des bruits, de manière etouffée. Ma mère c'est jetée sur lui, criant et pleurant... Je ne bougeais toujours pas. Ma soeur m'a regardé, et m'a collé contre elle dans ses bras. Plus rien de ce qui était là n'avait pour moi de l'importance. Peu importe ce qu'il se passait, je restais muet, inexpressif... Je ne sais pas... Je ne comprenais pas réellement la situation... Le son revenait petit à petit. Il a été au plus clair quand j'ai entendu ma soeur pleurée... Seulement... Seulement à ce moment là j'ai pleuré aussi. Pas avant. J'étais déstabilisé... Je me tenais contre ma soeur à ce moment là... J'étais effondré, et enfin j'avais compris. Ma mère c'est relevée, elle c'est tournée vers moi. Et elle c'est mise à crier. Au début je n'écoutais pas. Je n'écoutais pas jusqu'au moment où: "Pourquoi t'es resté figé là ! " Ma mère, ma propre mère me criait dessus comme si... Comme si c'était de ma faute si il était mort.
A partir de ce jour là... Il fallait bien faire quelque chose. J'ai eu du mal à m'en remettre. Ma mère ne m'a plus jamais adressé la parole comme avant après ça. J'étais le fautif de l'histoire. Pourquoi? Je n'en sais rien. Pourquoi moi... Est ce que ça aurait été pareil si c'était ma soeur qui l'avait trouvé? Je n'en sais rien... Je n'en sais vraiment rien.
A 10 ans, je devenais l'homme de la maison. A devoir m'occupé de ma famille, tout en tentant d'effacer une erreur... Que je n'ai jamais comise.
- Départ:
La famille c'était effondrée. Notre bonheur avec. Tout. Tout ce qu'on avait, on l'avait perdu... La mort de mon père avait crée un fossé entre nous tous. Ma mère parlait peu depuis sa mort... Ma soeur était effondrée... Je tentais de tenir le coup, et j'arrêtais de me lamenter sur mon sort. Mais voir ma soeur comme ça me déstabilisais. Soudainement, ma mère c'est mise en tête que l'argent devenait un réel problème... Trop tard, on était prit dans l'engrenage du système. Le malheur ne pouvait faire que commencer à partir de là.
Les jours passaient, plus rien n'avait d'importance. Plus rien ! On était confronté à notre propre réalité. L'argent manquait, la maison tombait en ruine. Déménager étant plus simple et, sur le temps, moins coûteux que de refaire la maison, on a déménagé. Pour Inglewood, Los Angeles. Ce jour de déménagement a été le jour le plus silencieux de ma vie... On passait les cartons dans la vieille camionnette... Mon Dieu, ce silence. Pas un bruit, juste des cartons qui se déplaçaient. Chacun prenait ses cartons, pas un seul regard, pas un seul contact. La tristesse et le deuil dominaient la maison. Cette vieille maison... Qu'on allait quitter... Celle qui habitait à la fois notre bonheur, et notre malheur... Là ou j'allais, peu importe à quoi j'allais être confronté, peu importe ce qu'allait être cette maison, c'était, c'est et ça restera pour moi la maison du malheur.
On est partit... J'ai regardé la rivière... Me dire que je n'allais plus la revoir me faisait mal au coeur. J'ai pleuré à ce moment là, me remémorant tout mes souvenirs d'enfance avec mes parents, ma soeur. Un bonheur mort avec mon père. Celui qu'on ne retrouvera plus jamais. Je suis monté dans la camionnette, et on est partit, j'ai tourné la tête. Je regardais encore une fois cette maison, pour la dernière fois, je regardais cette maison simple, pas très joli, mais remplie de souvenirs incroyable... Je quittais mon bonheur pour mieux trouver mon malheur.
- L.A:
Los Angeles. Cité des Anges, le rêve américain, les stars, Hollywood... Et... Compton, WilloBrook, Inglewood... Le côté "paradise" tu l'oublie direct. Bienvenue en enfer.
Une maison presque aussi pourrie que l'ancienne. Des meubles sales, un quartier sale... Une ambiance lourde, en plein été... Lourd... La chaleur, les mecs qui fument leurs cigarettes. Toutes les sortes de fumées qui sortaient des maisons. A croire que certains fumait pas que du tabac... Meth', Herbe... Tout y passait.
J'avais la tristesse de ce lieu certes. Mais aussi cette rage ! Une rage soudaine. Je la ressentais. Cette rage c'est accumulé bien plus tard.
Pas grand choses à dire. Les années passent, je me laisse allez. Je traine avec des mecs disons pas très recommendable. Mais il fallait bien trainer avec quelqu'un. Je commence à fumer, tôt. Et je fume tout. Petit à petit, je me suis rendu compte que c'est peut être le reste du monde qui n'est pas très recommandable...
Regarde donc. C'est donc ça les reportages qu'on voit à la télé? Certes y a de la réalité, mais y a surtout de gros montages pour rendre ces quartiers encore plus dramatique et repoussant.
J'étais bien plus vieux de la bande avec laquelle je trainais. J'essayais de leur expliquer les choses, tel que l'on me l'a enseigné... Faut travailler, allez en cours, même si on n'y aime pas. Toujours travailler, pour pouvoir sortir de la rue. Mais plus je leur parlais comme ça, moins ça rentrait dans leur tête... Le monde? Eux? Ils en ont rien à foutre. La police? Si ils pouvaient les tuer un par un sans conséquence, ils le feraient avec une joie immense. Tellement jeune, mais tellement d'idée... Ils se disent encore: " On tuera jamais personne ". Connerie... C'est juste qu'ils sont trop jeunes pour se rendre compte de leur mentalité.
Bref, le quartier c'était ça, la rue c'était ça... Trainer, voler, fumer, se faire de l'argent comme on peut. Les années passent comme ça... Et moi? J'essayais d'intégrer mon état d'esprit au quartier, mais c'est plutôt moi qui m'intégrait au quartier. Et où j'étais? Sur un toit. Pourquoi sur un toit? Parce que, bizarrement, je cherchais la solitude. Je ne sais pas pourquoi. Je préférais être seul. Eviter ma famille que je nourrissais avec l'argent que je gagnais quand je ne le dépensais pas dans du tabac ou de l'herbe.
Je me sentais éloigné du reste. Je m'éloignais de plus en plus. Jusqu'au point de non retour.
- Voie:
Etre sur un toit. Ce n'est pas parce que c'est fun. Non... Derrière ça, il y a la curiosité. Pouvoir épier tout les alentours, sans prendre le risque de se bouffer une balle.
Etre sur un toit, c'est être seul. Personne pour nous emmerder, ou quoi que ce soit. Réfléchir, penser... Pleurer parfois. C'est toujours mieux de pleurer. Ma situation devenait critique. Même si je suis avec eux, je me sens distant. Personne n'a l'air de bien s'intéresser à moi. On m'appelle "mon frère", mais on serait capable de me tuer pour un mot dit de travers.
J'avais 15 ans. Le fossé entre ma mère et moi devenait de plus en plus grand. Les disputes s'enchainaient... Et "Nesta arrête ça !", puis "Nesta par ci, Nesta par là". J'aime ma mère, comme tout enfant se doit d'aimer ses parents... Mais elle n'était plus comme avant. Et moi non plus. Ma soeur non plus. Elle s'écartait de moi. Elle ne comprenait pas. Elle ne voyait pas pourquoi je m'éloignais de la maison, pourquoi je faisais de l'argent "sale", pourquoi j'esquivais les cours... J'avais besoin d'argent. Même si il y a ce fossé, elles restaient ma seule et vraie famille. Il leur fallait de l'argent. Elles en avaient besoin. Petit à petit, c'est sur, je m'écartais du chemin. Je m'écartais de la "bonne voie". Mais à cette époque, pour moi, y avait pas de bonne ou mauvaise voie. Non. Chaque voies étaient bonne, du moment que l'objectif était tenu. L'argent rentrait mal, j'avais du mal à me nourrir, à nourrir ma famille, et tout le reste. Et je restais le plus riche. Les autres me demandaient de l'argent. Je pouvais pas partager cet argent.
C'étais dramatique comme situation. Voir pitoyable. J'ai jamais aimé cette adolescence... Je m'étais promis une chose. Le jour où je peux partir. Je pars. Sans hésitation.
- Rencontre:
16 ans. Je voyage... Comme je peux. Je ne peux pas partir, je n'en ai pas les moyens. Ma curiosité me pousse à partir, mais je ne peux pas. Alors, je visite. Les quartiers voisins. Je suis allez sur WilloBrook une fois. Il y avait un gang à cette époque. Les Willo Wild Boy's. Il fallait que je vois à quoi ça ressemble. Je me disais que, ma foi, je ne vois pas ce qu'ils auraient pu me faire si je débarquais. Même si j'avoue que je n'étais pas à l'aise. Les Grape Crips juste à côté venaient de subir de forte rafales... C'est ça qui m'avaient interpellé. Je me souviens de cette fois... J'étais sur un toit. Les deux groupes étaient chacun d'un côté de la rue. Ils s'insultaient. Puis les mecs de Willo' sont partie avant de revenir rafaler à bord d'une vieille Dodge Charger.
Alors pourquoi j'y suis allez sur WilloBrook... Je me suis dis que peut être, eux, ils pourraient m'aider à faire de l'argent... J'étais desespéré à mes 16 ans. Ma mère ne me parlait presque plus. Ma soeur ne voulait presque plus me voir. Comment, en 6 ans, j'ai réussis à autant partir en vrille, à cause d'un truc que je n'ai pas fais... Mon père... Je n'aurais rien pu faire ce jour là de toute manière. Mais cette idée que j'aurais pu agir régnait dans la tête de ma mère, et elle s'en servait contre moi, et lavait le cerveau de ma soeur avec... Pour elles, je n'étais plus qu'un bon à rien... Alors à quoi bon. Si je trouvais de l'argent avec WilloBrook tant mieux... Si ils me tuaient, tant mieux aussi...
Alors j'y suis allé. J'étais là... Planté... Et j'ai vu ce mec. Métisse, des vêtements noir, une vieille paire de Rayban. Il parlait à une fille, à peut prêt son âge, métisse également, adossé à une Dodge Charger.
Ils ont tout les deux tourné la tête vers moi. Je tremblais légèrement... Je ne sais pas. Mon âge? Un peu plus? Et ils avaient déjà tuer... Tout ça me perturbait... Ils n'auraient eu sans doute aucun problème à me descendre sans hésitation. Au lieu de ça, c'est elle qui m'a parlé la première. Et malgré ce que j'aurais pu croire, j'avais jamais vu quelqu'un d'aussi accueillant. Etonnant, pour quelqu'un qui aurait été capable de tuer le premier passant venu. Elle voyait bien que j'étais déstabilisé, et lui aussi d'ailleurs.
Elle m'a regardé... Il m'a regardé également... Ils tenaient leurs armes fermement au début. Puis soudain, son air accueillant est apparu sur son visage, ils ont tout deux ranger leurs armes, après s'être longuement regardé. Elle m'a sourit naturellement. Pourquoi si gentille d'un coup... Je ne le saurais sans doute jamais. Elle a continué de me parler, je n'écoutais pas un mot de ce qu'elle disait tellement l'ambiance était bizarre. La seule chose que j'ai retenu, et qui m'a fait réagir c'est: " Comment t'appelles tu?"
J'étais tout de même mal à l'aise. J'ai hésité longuement. J'aimais pas me présenter en premier dans ce genre de cas. J'ai fini par répondre: "Je m'appelle Nesta. Et vous? " Elle a regardé l'homme à sa droite, avant d'ajouter aisément: " Je m'appelle Shana, et voici mon frère, Noah... "
- 17 ans:
Les mois passaient. Mes 17 ans étaient arrivés. C'étaient... Dur... Aucune fête d'anniversaire... Aucune depuis mes 10 ans. A peine un sourire de ma mère. Seul ma soeur gardait une certaine proximité avec moi. Mais, l'amour fraternel qu'on se donnait avait disparue depuis bien longtemps déjà... Ce jour de mes 17 ans, la tristesse m'a envahie. Mes 17 ans, c'était aussi les 7 ans de la mort de mon père, et pour cadeau, je n'ai rien eu... Lui non plus. Rien... Personne n'a bougé, pas de trajet au cimetière. Je ne comprenais plus rien. Ma mère était devenu froide. Je sentais que mon départ arrivait.
J'ai passé du temps dehors. J'ai presque arrêté les cours, j'ai trouvé un petit travail. Etant curieux, j'aimais bien le journalisme. J'ai fait plusieurs essais avant qu'une entreprise veuille bien me prendre en temps que simple vendeur de journaux. De temps en temps, je leur écrivais un petit article. Le travail était la seul solution de faire de l'argent efficacement. Shana et Noah me donnait également du travail. Je ne veux pas savoir pourquoi, ni comment. Non, je ne veux pas savoir pourquoi WilloBrook et le gang c'est cassé la gueule. Je m'en foutais, du moment que j'avais du travail. Ils me demandaient d'emmener des colis d'un point A à un point B. Je le faisais, je ne posais pas de question, et j'étais payé. Ca compensait le peu qu'on me donnait pour les ventes de journaux.
J'ai continué. Encore et toujours. Il fallait plus d'argent. Et cet argent... Dans la poche de ma mère et de ma soeur. Ca devenait de plus en plus dur. Il leur fallait plus. Mais de mon côté, c'était de plus en plus dur de continuer... Les violettes... On a trop voulu jouer. A force de crier "Squad ! Squad !" à longueur de journée. Tu parle... Il faut bien que les violettes défendent leur terrain.
Trop de risques, quasi impossible de sortir sans avoir la peur de se faire plomber sur le seuil de sa porte. Ca commençait à me faire carrément flipper... Et il me fallait d'autre taff.
J'avais promis de partir... Je suis partis...
- Nouveau Départ:
Le jour du départ, ma soeur et ma mère ne m'ont pas retenu... Ma mère m'a presque mit dehors lorsque je lui ai donné l'argent avant de partir. J'étais triste, perdu. Seul... Je savais pas où aller, avec un sac de sport pour transporter mes habits, et un quad. C'est tout ce que j'avais. 400$ en poche, pas plus. Je suis partie à l'instinct. Peu importe ou j'allais.
Quelques jours auront suffit. J'avais trouvé un travail de barman, au Celebrity, alors que les autres d'Inglewood semblaient me chercher. Ils n'auront pas mis longtemps à me trouver. J'avais besoin de ce travail ! Et ça, ils ne le comprenaient pas ! J'ai pris des coups, plus que j'en ai donné... Ils ne me comprenaient pas. Ils ne comprenaient rien.
Me voila livré à moi même, rejeté par ma mère, rejeté par mes "frères"... Seul, perdu... J'ai pas continué de faire le barman longtemps. Je suis retourné chez moi, enfin... Chez ma mère. Il me fallait d'autre affaire. Quel était la surprise, quand j'ai découvert que la maison était vide. Un panneau "à vendre" devant la maison. Elles étaient partie... Sans me dire où elles allaient. Je me suis posé dans le canapé. Et j'ai pleuré...
Aucune, non. Aucune marche arrière possible. Me voila seul. Et même si je les retrouvais, je continuerais d'être seul. Même si je retissais les liens avec les Squad, je resterais seul. Plus rien. PLUS rien ne m'attachait à ce monde. Je n'étais bon qu'à faire le vagabond et... à mourir. Seul. Seul et désespéré.
J'ai réfléchie toute la nuit. Il ne restait que deux personnes qui pouvaient éventuellement m'aider. Shana et Noah. Je suis allez à WilloBrook. Les yeux rouges, désespéré. Mon quad sans essence. Plus rien. J'ai frappé à la porte, j'étais exténué... Noah a ouvert, je suis tombé dans ses bras, et de là...
Plus rien...
- Changement:
Cela faisait plusieurs mois que je réfléchissais. Et plus ça allait, plus je me sentais seul. Les travails s'enchainaient avec Noah et Shana. Je réfléchissais à ce que je faisais, et à ce que j'allais faire de l'argent gagné. C'est vrai ça. Quand j'y repensais. Qu'est ce que j'allais faire de cet argent? Maintenant que je n'ai plus de repère et que je n'ai plus personne à qui l'envoyer?
Alors je le gardais. Et j'achetais tout et n'importe quoi avec. Je me suis d'abord procuré une moto, c'est toujours bien de se déplacer. J'ai pu combler tout les problèmes économiques que j'avais. Le reste? Ca partait dans le tabac ou l'herbe.
La réflexion devenait tout de même de plus en plus intense. J'essayais d'oublier les problèmes avec tout ces jobs et occupations, mais pas moyen de me résoudre à l'idée que ma famille soit partie sans me prévenir. J'espérais tellement que ma soeur ou ma mère m'appelle. J'espérais beaucoup trop. J'aurais tellement aimé. J'étais retourné à cette rivière. Cette rivière ouai. Celle où régnait mon bonheur d'enfant. J'ai longuement réfléchie là, posé, devant l'eau... Respirant l'air frais, et profitant pleinement du calme. Pour la première fois, je restais là, à cette rivière, non pas pour être heureux, mais pour être malheureux, et me souvenir qu'à une époque j'étais heureux.
Je changeais. C'était déjà fait, j'avais déjà changé. Et ça n'allait pas en s'améliorant. Tout mes sentiments, toutes mes convictions étaient bousculés par tout ces événements. Alors je ne faisais plus rien pour les autres. Tout ce que je faisais, c'était pour moi, et uniquement pour moi. Et il fallait que je tape dans le plus gros. Je prenais goût à ces travaux peu honnêtes. Je me disais qu'un jour, je me ferais tuer. Et je l'espérais aussi. Ca leur aurait fait la morale à ma famille sur ce qu'est l'abandon.
Il me fallait du travail plus conséquent. Plus important ! Et alors que j'arrivais sur mes 20 ans avec ces nouveaux projets en tête, j'ai pas tellement hésité à en parler. Un jour, je suis resté avec Noah pour discuter. On a parlé de tout et de rien, autour d'une table et d'un verre. On a parlé de tout et de rien, jusqu'à ce que j'ajoute la question qui ne m'étais, bizarrement, pas venu plus tôt:
"Alors? C'est quoi que tu me fais transporter comme colis?..."
- Pris au piège:
J'étais pris au piège dans ce business à présent. Vente d'armes, où d'autres truc. Je savais tout. Je savais comment ça fonctionnais. On m'a tout expliqué. Je me disais alors que dès maintenant ça allais être marrant, avec Noah, Shana, et ceux que j'avais rencontré tel que John, Sheyla ou encore les grands patrons Damian et Jessy qu'on voyait finalement presque jamais.
Je me disais que l'argent était facile, que tout étais génial. J'étais motivé, on m'a alors emmené directement sur un deal. Après tout, pourquoi pas. On m'avait donné une arme au cas ou. Je savais à peut prêt m'en servir, j'en avais déjà vu et tenu. J'avais jamais tiré encore. Mais bon, fallait bien apprendre sur le feu de l'action. Je me rendais même pas compte de ce que je pensais encore, et des conséquences de tout ça.
On est allé sur ce deal, avec Noah et John. Shana et Sheyla surveillaient au loin. J'avais peur mais j'étais surexcité. Et j'arrêtais pas de poser des questions: " Ou on va? On va faire quoi? Et c'est qui les mecs?..." A un point que j'ai énervé tout le monde. Mais jamais j'ai eu de réponse... Ce qui, au passage, me faisait légèrement peur quand même.
Il faisait nuit quand on est arrivé. On est entré dans l'entrepôt, puis on est sortie, éclairé à la seul lumière des phares. John et Noah ne semblaient pas à l'aise, et moi non plus. Plus je les regardais, plus je sentais qu'un truc allais se passer. On était face à environ cinq ou six mecs... Tous armés. Ils semblaient déterminé, comme Noah et John.... Ces deux là tenaient chacun une arme de gros calibre.
J'ai tourné la tête vers eux, j'avais pas encore mon arme en main... Plus je les regardais, plus je stressais. Je les regardais eux, puis les mecs d'en face, sans cesse. Et j'ai compris. C'était pas un deal ! Les six mecs ont levé leurs armes en même temps que John et Noah qui commençaient déjà à se mettre à couvert en tirant. Puis deux, et trois mecs sont tombé d'un coup, tué par balles, par des snipers. Sans doute Shana et Sheyla. Y a une autre voiture qui a débarqué alors que Noah et John raffalaient en se mettant à l'abri, puis en se séparant. J'étais caché derrière un mur. On voyait plus rien, les phares des voitures avaient éclatés. On voyaient que les lampes accrochées sous les fusils. On entendais que des tirs. Que des tirs... Que des tirs, pendant je ne sais pas combien de temps.
Je tentais de m'enfuir. C'étais loin d'être amusant cette situation. J'avais peur comme j'ai jamais eu peur de toute ma vie. Moi qui pensait que la mort était sans importance, ce n'est pas du tout ce que je pensais sur le moment.
- Pression:
J'avais mon arme en main, je tremblais... La sueur coulait de mon front, mon coeur battait... Je l'entendais battre. Pas un bruit. Ou alors j'étais trop choqué pour entendre quoi que ce soit. On y voyait rien. Je continuais d'avancer jusqu'à ce qu'un mec me tombe dessus ! Il m'a donné un coup. J'ai échappé l'arme... J'ai relevé la tête... Je l'ai regardé. Un regard froid. Ma peur c'était transformé en une rage incontrôlable ! Il a tenté de me redonner un coup ! Je l'ai contré, je l'ai frappé ! Une fois, deux fois, trois fois, avant qu'il finisse par m'en mettre une comme j'en avais encore jamais pris... Je suis tombé au sol. Ma peur est revenu, se confondant alors à la rage. J'entendais plus rien, je voyais plus rien. Le seul truc que je voyais, c'était l'arme, et lui. Il a tenté de reprendre ses esprits, de prendre son arme ! La mienne était là ! Juste à côté ! J'ai rampé ! Vite, très vite, je l'ai prise, je me suis remis sur le dos, il sortait son arme ! Et un flash soudain... Un flash, j'ai cru entendre un bruit... Quelque chose... Et il est tombé au sol, lourdement...
Je ne comprenais pas... Ce flash, c'était la balle qui partait. Ce bruit... C'était la détonation de l'arme. J'ai d'abord regardé mon corps. Je n'avais rien... Et lui est tombé... Je l'avais fait... Un instinct de survie qui ressortait m'a poussé à le faire... J'avais tué cette homme. Je l'avais tué. Ce soulagement d'être en vie, mais cette horreur de réaliser que j'avais fait cet acte.
En faisant ça, j'avais signé le début d'une nouvelle vie: celle d'un monstre.
- Retour au calme:
Le temps passe... Je m'en remet. Difficilement. C'est dur de m'en remettre. Je me disais que dans tout les cas, c'était ce qu'il fallait faire. C'était lui ou moi. Mais je me disais aussi: est ce que ça n'aurait pas été mieux que ce soit moi à lui?
Trop de questions se bousculaient dans ma tête. J'étais choqué, appeuré, perdu. Je ne reconnaissais alors qu'à peine cet acte. Je me disais que ce n'était pas possible, je ne l'avais pas fait. Mais si... Je l'avais fait. Tout ceci était bien réel. Quelques semaines suffiront pour que je réussisse enfin à remettre le pied dehors. Et dès que je suis ressortie, pas le temps pour les sentiments. On m'a tout de suite mis au courant de la suite des événements. Comme je l'ai dis, j'étais pris au piège. Il fallait que l'on reprenne un endroit: Tierra Robada.
On y est allé, on a regardé. Une maison en ruine, explosée, brûlée. Pour moi, ça n'avais pas d'importance. Je ne pensais encore qu'à ce crime que j'avais comis. Quand je pense que ça n'a pas dérangé Noah ou John de tuer comme ça...
Bref... Tierra Robada. John nous a présenté des plans, il fallait reconstruire la maison, détruite par une soi-disant explosion d'un certain "Kazzius" pour sauver la "famille". Je devais partir avec Noah faire des trucs. Je ne me souviens pas quoi, tellement j'étais préoccupé. John et Sheyla sont partie de leur côté. Shana est partie du sien. On s'était donné rendez-vous deux jours plus tard, histoire de rassembler ce qu'il fallait rassembler. Je ne sais pas combien on a dépensé dans toutes les rénovations et les payent des ouvriers, mais apparamment, c'est pas l'argent qui manquait à cette famille dirigée par Damian et Jessy.
On est donc revenu ces deux jours plus tard... On était quasi tous là à l'heure exact du rendez-vous. Il y avait un homme... Un peu plus jeune que moi. Il était là, sortant du vieu garage. Il avait commencé à parler avec John. Il lui a alors demandé son nom. Il était perturbé, mais il a répondu: "Je m'appelle Ryan. Et vous?"
Tout le monde c'est présenté... Et moi, à mon habitude, perdu et distrait, j'ai répondu en dernier: "Je m'appelle Nesta."
- Family:
On c'est alors tous remit à reconstruire cette baraque en ruine... Les travaux ont durés longtemps ! Et plus ça avançait, plus je travaillais avec Ryan. Ce mec, putain. C'est devenu plus qu'un ami. On se comprenait réellement tout les deux. J'ai été le seul à avoir entendu toute son histoire... Troublante. Merde ! Un mec qui tue ses parents par obligation pour sa soeur. Protéger sa famille en tuant sa famille. Ca me faisait réfléchir sur la mienne.
On était toujours ensemble, la maison commençait à reprendre forme. Tout ça a durée presque un an, le temps de tout dégager, réaménager, refaire, et refaire l'extérieur. A ce moment là, j'arrivais sur mes 21 ans. On habitait tous dans cette maison. On formait une nouvelle famille dans laquelle j'étais bien. Noah, Shana, Ryan, John, Sheyla, et moi, en ajoutant Damian et Jessy qui était là de temps en temps... Ils évitaient L.A. Je ne savais pas encore tout à fait pourquoi. On m'a expliqué ensuite pour Kazzius et Casey.
Je retrouvais petit à petit le sourire, sans penser à mon passé. J'étais bien avec eux. Je me sentais alors pas très différent qu'eux, et je me disais que tout ce qu'on doit faire, on le fais par obligation... Même tuer. Ca reste peut être immorale, inhumain, mais c'est pas comme ça que je le voyais, et que je le voie aujourd'hui, même si la vision a encore changé entre temps.
J'étais presque heureux... Et j'ai reçu cet appel. Je ne connaissais pas le numéro. J'ai tout de même décroché. La voix à l'autre bout, je la connaissais. Celle d'une femme, une jeune femme, complètement paniqué. Ma soeur. C'était elle. Elle parlait vite, j'avais du mal à suivre. Et en même temps, je n'écoutais pas tellement, puisque je me demandais ce qu'elle me voulait, elle qui faisait alors partie de mon "ancienne" famille.
J'ai tenté tout de même de la calmer. Et elle a fini par me dire ce qui allait pas. Elle me l'a dit très clairement:
" Maman est gravement malade..."
A ces mots... Qu'est ce que j'ai fais? Il suffit de réfléchir. Ma mère m'accusait d'être le responsable de la mort de mon père, alors que c'était faux. Et maintenant? Elle voulait de l'argent pour son traitement afin qu'elle survive. Elle voulait MON argent. Je ne suis pas responsable de la mort de mon père, mais je serais responsable de la mort de ma mère.
A ces mots donc... J'ai raccroché le téléphone... Et j'ai souris.
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