[Fiction] Une ébauche d'un projet personnel

L’histoire se déroule dans la ville fictive de Clinsend, située aux alentours du centre géographique de la Louisiane. Nous sommes le 31 décembre 2090...

Jaxen marchait dans son quartier attribué : Creighton. A ses côtés, se trouvait Milaia, une vieille connaissance. Connaissance : un mot pragmatiquement choisi par la superstar déchue. A peine trois semaines sorti du service de réveil, et sa tête était déjà bien solidement fixée sur ses épaules. En vérité, il avait eu l'occasion de fréquenter intimement Milaia pendant deux ans, lorsqu'ils vivaient tous les deux dans les mêmes délimitations. Cependant, des doutes subsistèrent la concernant. Neuf ans à Clinsend peuvent transformer n'importe qui, pensait Jaxen.
Creighton n'était pas si mal sous cette légère pluie. La nature reprenait ses droits dans des rues jonchées de très hautes mauvaises herbes et de véhicules soit incendiés, démantelés, ou tout simplement laissés à l'abandon depuis les années 70. Les bâtiments, abimés mais maintenus juste en assez bon état pour ne pas se transformer en ruine, abritaient commerces et logements sur deux, voire parfois trois étages. Entre certains d'entre eux, étaient présentes de petites ruelles. De jour, faiblement éclairées par la lumière du soleil. De nuit, quelques devantures illuminées permettaient d’éviter une navigation à l’aveugle. Le couple s’engouffra dans l’une de ces allées. Le regard de Jaxen se porta sur un vieux mur de briques couvert de lierres, puis remonta lassement vers un ciel dégagé et un soleil éblouissant. Il rajusta sa casquette tout en assurant à Milaia qu’il allait bien pour la deuxième fois depuis qu’ils avaient entamé leur court trajet. « Si tu l’dis... » Elle ouvrit la porte d’une adresse qu’elle connaissait bien. La jeune femme avait eu l’opportunité de vivre quatre années consécutives à Creighton et eût donc le temps de se familiariser avec chaque recoin de la zone de seulement deux kilomètres carré. Elle achetait par exemple toujours ses cigarettes au prix le plus compétitif.
Une fois entré, Jaxen resta immobile devant un miroir, les mains dans les poches. Milaia entamait pendant ce temps une conversation avec le vendeur. Il entendait, mais n’écoutait pas. Il retira son couvre-chef, passa sa main dans ses cheveux pour se recoiffer, avant de prendre quelques secondes pour s’observer dans la glace. Fraîchement sorti d’un salon de coiffure, il se trouvait de bonne mine. Avec sa barbe taillée complimentant les traits de sa mâchoire, et une coupe aux allures pompadour recommandée par sa coiffeuse, il se sentait apte à faire bonne impression lors de la soirée qui arrivait. Part de cette bonne impression reposait sur une règle de savoir-vivre : ne pas arriver les mains vides. Il rejoignit donc Milaia devant le comptoir.

« Woah, c’est… ? » Devant l’ébahissement du commerçant, leurs yeux se croisèrent. Jaxen décela de l’inquiétude au sein des yeux bleus-verts de Milaia. Il fit ensuite face à l’homme d’une cinquantaine d'années en acquiesçant. Le boutiquier porta ses deux mains au niveau de son cœur et adressa la parole à son invité d'honneur : « Bienvenu ! Fan de la première heure ici-même. J’ai appris que c’était vous qui coachiez l’équipe de mon fils dorénavant. J’attendais de vous rencontrer, mais avec la boutique à tenir c’est compliqué de se libérer… »
Jaxen esquissa lentement un sourire, puis demanda le prénom du collégien. « Eli. Eli ! » La répétition était sur un ton d’appel, et on put rapidement entendre des pas descendre des escaliers fait d’un bois grinçant à chaque marche. « Euh, non, rien ! Reste sur tes jeux filston. » finissa-t-il par lui lancer. Le jeune adolescent s’arrêta net pour faire demi-tour. Il n’avait pas vu son coach. Son père avait une expression faciale très inquiète. Embarrassé, il cherchait ses mots. « Monsieur Mullins… euh… en quoi puis-je vous aider ? » L’emblème local n’avait pas été oublié mais demeurait agacé par toute cette renommée au caractère, d’après lui, essentiellement lugubre. « Tutois-moi. » Il ne se soucia pas de la réaction de son interlocuteur et scruta plutôt les articles de la boutique. Sur quelques étagères en métal se trouvaient des substances récréatives empaquetées sous divers formats. On y voyait l’ensemble des drogues dépénalisées et pouvant être distribuées par des vendeurs autorisés. L’ambiance lumineuse du magasin était orange tamisée. De l’encens y faisait régner une odeur agréable, et enfumait très légèrement la vision qu’on avait de la pièce. Les murs anthracites étaient recouverts de posters, de néons et d’hologrammes muraux. Y était lisibles promotions et avertissements sur la santé, ainsi que quelques articles de journaux sur les récentes étapes phares de la dépénalisation. Alors que celui qui avait l’intention d’être un futur habitué du magasin s’y baladait, réfléchissant à son prochain achat, il fut timidement interpellé par l’homme qui avait le titre de récréateur : « Jaxen… en réalité… je ne peux rien faire pour t’aider.
– Hein ? Comment ça ? rétorqua-t-il dans l’incompréhension.
– C’est pas un endroit pour toi ici. » indiqua le détaillant.

Jaxen se retourna à nouveau vers Milaia pour chercher à comprendre. Les mains dans les poches de sa veste grise et adossée contre un mur, la fille aux cheveux noirs teintés de vert haussa les épaules. Il la regarda avec un peu plus d’insistance. Elle demanda donc des explications à l’homme derrière le comptoir. « J’espère que le coach de mon fils n’est pas un camé ! Eli t’admire Jaxen, il faut que tu le saches ! Et… » Il montra un panneau métallique rectangulaire derrière le comptoir. Il y était indiqué que la maison se réservait le droit de refuser de servir tout client sur des critères complètement arbitraires. Jaxen commença à voir rouge. Jaxen s'avança, les sourcils froncés, d’un pas ferme vers son interlocuteur. Il était sur le point de transformer ce simple mécontentement client en un appel aux forces de l’ordre. Milaia le savait et prit prestement la décision de l’attraper par le bras tout en ouvrant la porte de sortie de sa main libre. Ils sortaient. Le vendeur lança des remerciements à Milaia avant le claquement de porte.

A peine deux pas dehors et Jaxen explose de rage : « Le culot du gars ! J’y crois pas ! Un coup il est fan, un coup il est trop bon pour mon argent ?
– Il voulait gratter des points, son magasin est télésurveillé tu sais ? expliqua calmement Milaia.
– Qu’il soit heureux d’être ici ! Pourquoi il doit emmerder le monde ? » s’interrogea-t-il, en réceptionnant une cigarette tendue par sa comparse.

Les deux jeunes en fin de vingtaine parlaient d’un processus certes fourbe, mais très important à Clinsend. Il était par exemple impossible pour ces deux-là de tenter de quitter Creighton sans être criblés de balles en tentant d’escalader un mur en béton de six mètres de haut. C’est parce qu’ils vivaient dans une Ville à Habitations Régulées. Les deux-cent milles citoyens de Clinsend sont placés dans un quartier qui, selon le Grand Comité Municipal, est considéré comme optimal. Ce processus se renouvelle à chaque premier jour du mois de mars. Du fait de son haut nombre de conflits entre différentes classes sociales, et de son taux de criminalité très élevé, Clinsend a été une des premières villes du pays à avoir intégré le programme encore expérimental à l’époque. 2075 marqua un tournant pour tout les habitants. Familles furent déchirés, couples séparés, et amis perdus de vus. Demeurait la possibilité de retrouver des visages familiers sur les réseaux sociaux. Mais lorsque par exemple un bon camarade d’enfance se retrouvait transféré dans un quartier différent en de très nombreux points, on se rendait compte assez rapidement qu’il s’agissait d’une amitié seulement sur la forme. Les habitants avaient besoin de créer des liens solides, et l’esprit grégaire dominait. Mais tout en assurant mutuellement leurs arrières, beaucoup cherchaient à marquer des points. Le Grand Comité partait du fait que les actions résonnaient plus que les discours tenus lors des entretiens de placement. Il était possible de dénoncer, avec preuves à l’appui, ses concitoyens ne respectant pas les valeurs d’un quartier. Violer la loi en publique résultait très rapidement en une dénonciation - si ce n’est plusieurs - mais contourner les règles du code pénales était loin d’être la seule façon de se faire remarquer...

... s'écrira avec le temps qu'il faut et les réécritures qu'il faut. J'ai pas écris depuis tellement longtemps, je vous avoue que j'y vais à l'arrache. Mais je cherchais un nouveau hobby, et quel meilleur endroit pour partager ça que sur le forum qui m'a vu sérieusement prendre la plume pour la première fois de ma vie. Bien sûr je sauvegarde mes textes sur mon ordi, mais j'aime l'idée de pouvoir faire un texte avec background musique et illustrations comme à l'ancienne. :)

J'ai viré la scène d'introduction pour attaquer directement un premier chapitre. Ce que je vous avais montré était une tentative maladroite d'expliquer l'univers de manière trop expéditive.
Désormais, attendez-vous à principalement du récit. Les explications arriveront en temps voulu. Ne vous en faites pas, j'ai pas envie d'écrire quelque chose qui laisse mes lecteurs dans le flou.

Rien depuis une semaine... c'est pas un manque de motivation, c'est que je transforme cet univers en JdR (utilisant le système GURPS, pour les connaisseurs)

Jesse Navarez | Slk a écrit:Rien depuis une semaine... c'est pas un manque de motivation, c'est que je transforme cet univers en JdR (utilisant le système GURPS, pour les connaisseurs)

Et pour les pas connaisseurs c'est quoi?

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