Le plus important dans l'innocence, c'est qu'elle est morbide. On crache et on crache à la gueule des adultes qu'ils sont horribles entre eux... Mais les enfants eux... Les enfants, sont innocents... Ils sont vrais... Ils détestent ce qu'ils affirment ne pas aimer. C'est là toute la méchanceté du monde. Sous une brume matinale, une jeune femme était allongée dans une herbe verdoyante de beauté. L'avant bras droit en guise de support à l'arrière de son crâne, elle regardait le ciel qui se dévoilait au travers une épaisse couche de gouttelettes amassées les unes sur les autres. Elle semblait sereine, la bouche entrouverte. Les cheveux d'un brun clair, son visage semblait être en harmonie avec ses yeux gris. La pointe de son nez donnait une petite longueur sur un visage fin parsemé de petits grains de beauté dont un en particulier au dessus de ses lèvres roses. Elle était habillée simplement, un débardeur à rayures vertes qui accompagnait une stagnation de rouge, un jean délavé qui semblait lui correspondre, puis des British Knights montantes noires.
Le regard perdu dans les nuages, une ombre venait s'étaler le long de son visage avant qu'elle ne redresse la tête. Un homme d'une trentaine d'années venait d'accourir dans sa direction, commençant à palper son corps. Ça ne semblait pas méchant, juste déplacé. Dans l'esprit de Colla, la jeune femme allongée, elle n'avait qu'une musique en tête. Les sons environnants s'accompagnaient de bourdonnements incessants qu'elle venait oublier. Puis l'homme lui retira un de ses écouteurs, interrompant ces derniers qui lui venait au creux des tympans.
Mademoiselle Donnelly... Mademoiselle Donnelly! Nous lâchez pas ici... Non... Non-non-non-non! Pas vous...! J'vais vous soigner ça! J'vous l'jure!
C'était ça. Colla était issue d'une famille de la haute bourgeoisie. Un homme qui était aux petits soins pour elle se tenait là, la palpant de part et d'autres sur son corps de jeune femme. Elle ne bougeait pas car elle n'en avait pas envie. Et si elle venait à bouger d'ailleurs, elle aurait légèrement mal au niveau de la poitrine, car la description de son débardeur à rayures vertes qui accompagnait une stagnation de rouge, signifiait la balle de 7.62 qui s'était logée au creux de son épaule. Les tissus s'était déchirés puis cautérisés par la chaleur qu'avait causé la pénétration de la balle. Colla Donnelly était une jeune femme innocente à cet instant là. Celui qui suivit amena plus de sang sur son visage mais il n'était pas issu de son corps. La partie droite de la mâchoire de l'homme s'était déformée en l'espace d'un instant, ne laissant alors à ses yeux que les larmes qui coulaient puis aux tympans de Colla, la détonation d'un fusil à levier.
- Enfance:
Colla est la dernière née d'un trio d'enfants. Une mort née qui, par les pleurs de sa mère vinrent à la réveiller lorsqu'elle était encore tenue dans les bras d'un médecin. Une petite chose frêle et fragile qui pourtant s'en était sortie à ravir, elle qui était annoncée comme morte une fois sortie. La cadette d'un groupe de frères tout droit sortis du génie. L'un avait un quotient intellectuel qui dépassait la moyenne. Le plus grand lui, travaillait sans relâche pour obtenir les meilleurs résultats et Colla, elle, était là. Juste à sa place. Son père, Elias Donnelly, était attentionné, et gérant de diverses enseignes qui n'étaient qu'une partie officielle de la somme astronomique de ses revenus. Sa mère quant à elle, ne travaillait que pour subvenir aux besoins de ses trois enfants. Des têtes d'anges qui n'avaient jamais causé un trouble au sein de la demeure familiale européenne.
C'est à l'adolescence où les choses se corsèrent pour l’héroïne de ce récit. Ses résultats n'était qu'à la moyenne, elle passait la plus grande partie de son temps dans le jardin à s'allonger dans l'herbe et écouter des musiques latines. Elle subissait la pression de ses aînés car, pas plus intelligente qu'un autre ou trop négligente dans sa façon d'être. Sa famille bourgeoise était respectée de la ville, et apparemment ils leur rendaient bien la pareille. "Quelle belle famille ces gens là" disait-on sur eux. "Il n'y a que la gamine Donnelly qui fera perdre l'héritage durement acquit" disait-on sur elle. Une adolescente sans remords, et sans craintes. Une innocence sans égal au travers des yeux morts. Gris clairs, proches du blanc. Dans les écrits, il est dit que le blanc représente la pureté, mais ici, il ne représentent qu'une honte au sein d'une famille trop ancrée sur des valeurs et des principes qui font une différence primordiale des autres. L'aîné tournait au crack à l'âge adulte, alternant entre les réunions du bureau et les conflits avec le patriarche de la famille. Celui du milieux lui, continuait sa route et devenait le nouveau bien-aimé de tous. Artiste, musicien, sportif et bon écrivain. Colla restait en retrait, tous les jours de chaque mois, de chaque année, à contempler le bleu du ciel qui se ternissait au temps de l'automne. Le dernier automne en famille d'ailleurs. Ils le remarquaient lorsque le patriarche, Elias, hurla au sein de la demeure. Une trop grande quantité de sang et de son, qui passa au delà des tympans de Colla qui écoutait la musique en cet instant précis.
Puis à l'heure habituelle, elle se redressait alors, après s'être étirée. Deux autres cris avaient parcouru la demeure qui n'arrivaient toujours pas à Colla. Ses frères avaient été retrouvés abattus. L'aîné la tête ôtée du corps et celui du milieux le crâne perforé par un calibre de fusil. Leur mère, hurlait l'agonie de leur perte avant qu'elle ne sorte en trombe du salon, voulant alors avertir et secourir la cadette de la famille, Colla, qui à présent, devenait la bien-aimée de cette dernière, l'héritage par intérêt d'une mère avare mais aimante.
Toute son enfance résumée en quelques secondes. Colla ne désirait pas voir sa famille assassiné, et elle aurait certainement hurlée de peine si elle apprenait que ses frères aînés étaient décédés dans d'horribles circonstances. Elle qui alors, venait retourner comme a son habitude dans le manoir, comprenait le changement radical de situation lorsqu'une nouvelle détonation réveilla une douleur au creux de son épaule. Un calibre de 7.62 passait en douceur à l'intérieur des fibres de sa peau, perforant alors Colla de part et d'autres en n'oubliant pas d'emporter avec la vélocité de la balle, une belle quantité de sang qui s'écoula alors sur son débardeur. Le choc était violent, suffisamment violent pour qu'elle vienne perdre l'équilibre, tombant alors sur le dos. Cette douleur dans son métabolisme venait s'accompagner d'une surproduction d'endorphine qui calmait le jeu. Et, toujours sa musique au creux de ses oreilles, elle amena le bras qui était épargné en support pour la tête. Allongée, juste allongée, elle soupirait alors lorsque chaque battement de son cœur venait relancer une douleur qui accompagnait l'effusion de sang.
- Innocence:
La mère Donnelly s'extirpait en trombe de la baie vitrée, courant alors en direction de son unique fille, avant qu'elle ne s'écroule inerte sur le sol. Colla n'avait encore rien entendu de tout ça, mais il était certain que le ou les tireur(s) étaient en bonne posture pour tuer quiconque s'extirpait de la maison. D'ailleurs, encore un qui n'avait rien compris à tout ça, et qui se rua sur Colla tachée de sang, retirant les écouteurs de cette dernière pour plus de sûreté.
Mademoiselle Donnelly... Mademoiselle Donnelly! Nous lâchez pas ici... Non... Non-non-non-non! Pas vous...! J'vais vous soigner ça! J'vous l'jure!
Un homme qui était aux petits soins pour elle se tenait là, la palpant de part et d'autres sur son corps de jeune femme. Elle ne bougeait pas car elle n'en avait pas envie. Les tissus s'était déchirés puis cautérisés par la chaleur qu'avait causé la pénétration de la balle. Colla Donnelly était une jeune femme innocente à cet instant là. Celui qui suivit amena plus de sang sur son visage mais il n'était pas issu de son corps. La partie droite de la mâchoire de l'homme s'était déformée en l'espace d'un instant, ne laissant alors à ses yeux que les larmes qui coulaient puis aux tympans de Colla, la détonation d'un fusil à levier. Un sursaut, un simple sursaut de sa part, et des spasmes de la part de celui qui sentait le reste de sa mâchoire se décrocher de son visage. Colla cria. Elle hurlait encore et encore d'une incompréhension qui laissait quelques minutes plus tard, la place au silence et à la brise fraîche du vent d'automne. Plus personne ne faisait de bruit, ou bien, plus personne ne pouvait en faire. Colla gémissait, tentant d'avoir les pleines possessions de son bras, venant se redresser lourdement, laissant un peu plus de sang couler sur l'herbe qui se teintait de rouge.
Ma... Maman... Maman? Eh... Quel-... Hmf... Quelqu'un... S'il vous plait!
Titubant, gémissant et cherchant du regard un visage familier. Son quotidien s'était vu changé par ceux qui attentaient à la vie de toute une famille. Un trop grand nombre de corps et de sang sur un bois encore trop frais pour une matinée. Sa mère était là, plat-ventre, inerte et sans vie. Colla tentait tant bien que mal de comprendre ce qu'il se passait au travers de ses yeux. Puis elle les ferma. Constatant un nouveau visage défiguré. Elle se redressait entrant alors dans la demeure, cherchant une aide quelconque, une raison quelconque. Puis rien, d'autres morts, ses frères. Son père tout autant. Et un homme. Droit. Sur l'entrée de la porte qui arma le levier de son fusil en sa direction.
La p'tite dernière... Hmm... Quelque chose à ajouter? - P... Pourquoi... Pourquoi vous... Vous avez fait ça... - C'est les loi du jeu, on ne menace pas les Fitzermann. - Pourquoi moi! - ...
Il armait de nouveau son arme en sa direction, activant le levier qui fit extirper la vielle douille, laissant une nouvelle entrer dans le canon qui entamait le face à face de toute une jeunesse.
Ne me tuez pas! - Hmm? - J'veux pas mourir... J'vous en supplie... - Pourquoi toi... - Vous avez tué tout le monde... J'veux pas mourir... J'ai rien fais! J'ai rien fais pour ça! - ...
Il apposa son index contre la détente, observant au travers des yeux de Colla. Il soupira constatant cette dernière verser les plus grandes larmes de son corps. Si elle ne mourrait pas maintenant, la plaie qu'il lui avait laissé la tuerai certainement en remarquant la quantité de sang qui s'extirpait de son épaule. Abaissant son arme, il remarquait le gris clair imposant de son regard puis ajouta avant de repartir d'où il venait:
Si tu veux vivre, tâche de t'en sortir.
C'était là. L'innocence se Colla s'envolait dans les vapeurs de sang chaud. Tombant à genoux, elle pleura un peu plus, jusqu'à s'écrouler à terre avec la seule image en tête de cette fraîche matinée d'automne parsemée de brouillard et de sang sur une herbe trop verte.
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- Néons:
Elipse temporelle. On se fou de réellement savoir ce qu'elle à fait durant le temps où elle n'était pas à Los Angeles. Elle a tâchée de vivre comme ce qu'on lui avait demandé une fois sa famille décimée. Elle se retrouvait là, sous les néons d'une nuit trop claire pour un début d'automne. Changée. A jamais. Elle savait qu'elle devait retrouver quelqu'un ici-même, sur Downtown Ave. Le seul problème étant qu'elle ne savait ni qui, ni quand rencontrer cette-dite personne. Se permettant de traîner alors, elle fit le tour de Los Angeles au volant d'une petite berline trois portes. Un truc simple et pas trop cher, abordable pour un prix hors concurrence. Passant sur Phony Drive une dizaine de minutes avant Downtown, elle remarqua un groupe de jeunes hispaniques chahuter dehors. Fumant des joints et observant d'un œil la berline qui passa devant leur quartier à un rythme soutenu. Elle remonta Echo Park, un coin sans vie désormais après les événements marqués sur les affiches de journaux à terre. Son regard qui autrefois était innocent, se méfiait désormais de chaque coin de rue. Un coup de poignet simple fit passer une nouvelle vitesse lorsqu'elle prenait la direction de sa destination.
Un simple coup de volant, une remontée du levier de frein et la seconde qui suivit annonçait un simple talon noir orné d'un jean confortable et délavé. Cette femme qu'était devenue Colla annonçait la couleur du verrouillage de sa voiture. Sur les lieux, personne hormis au loin, au delà d'un escalier, un homme adossé contre une rambarde, cigarettes aux lèvres et l'air démotivé. Un pas devant l'autre, elle arriva en face de ce dernier qui soupira en constatant la durée d'attente sur le cadran de sa montre.
Donnelly hein...? - Hmm.
Elle semblait acquiescer à cette question qui faisait un sens propre sur la nature de l'homme. Elle s'alluma à son tour une cigarette qu'elle embrasa d'une pointe de flamme d'un briquet lambda. Son pardessus gris branlait au vent, et le simple pull que Colla arborait ne laissait ni décolleté, ni l'espoir pour une bourrasque de vent de la faire frissonner.
Pour clarifier les choses rapidement, car je n'ai pas le temps. Je ne suis pas celui qui à tué toute votre famille. En clair, je ne suis ni votre allié, ni votre ennemi... - C'est pas si clair que vous le prétendez. - Disons que nous avons par là, l'envie commune de retrouver une personne qui... Ouais... Qui a changé notre vision des choses. - Dans ces cas là, il est certain que je ne vous ferai pas confiance. - Réciproquement bien sûr.
L'homme avec lequel elle conversait abordait la trentaine d'années passées. Son air froid et démotivé devait d'ailleurs surement le vieillir de trois ou quatre années. Les cheveux courts, certainement sur le brun clair rendaient les traits de son visage plus fin qu'ils ne paraissaient au loin. Sa carrure était celle d'un homme simple, qui ne devait pas avoir de problèmes pour trouver une compagne. Il avait un cache-œil sur le droit, semblant alors être borgne. Son sourire lorsqu'il ricanait aux remarques de Colla était quelque peu dérangeant. Non pas qu'il avait quelque choses de déformé, seulement, il ne savait pas sourire, ou même rire naturellement. Et durant une dernière phrase, la couleur de son œil gauche, se ternissait au marron, partant d'une base de vert.
Votre œil... - Je l'ai volé, pour sauver une vie. - Hein? - Vous parlez duquel? - Celui qu'il vous reste... Il vient de changer de couleur. - C'est à ça que nous reconnaissons tous deux notre envie commune. - Je comprends pas... - Ça viendra bien assez tôt.
Se retirant alors, les mains dans ses poches. Même pas un salut de sa part ou quelque chose qui s'y rapporte. Il disparaissait dans la pénombre qui se réinstallait derrière lui au fur et à mesure que le bruit de ses pas tendaient vers l'inaudible. Colla était de nouveau dans la solitude qu'elle avait apprise à connaître et comprendre. Les gens heureux ici n'ont pas l'air d'être les bienvenus. Et dans un soupire, une femme à l'autre bout de la rue, passa, observant longuement Colla avant de lâcher un sourire qui s'apparentait à celui de la mort.
De nouveau, les choses semblaient se compliquer pour elle. Elle qui rentrait alors dans sa berline.
- Mensonges:
Parfois il est bon de se ressasser tous les événements produits pour en faire une seule et même entité. C'est ce que pensait Colla et ce qu'elle faisait habituellement. Néanmoins, depuis sa venue sur le sol Californien, elle n'avait plus l'envie réelle de faire une introspection qui lui permettrai de trier les informations et de trouver une quelconque réponse par ailleurs. Elle avait loué une chambre d'hôtel d'un simplisme aberrant. Une plante à l'entrée et un tableau sur sa gauche, en équilibre sur un clou mal enfoncé. Elle déposait ses clés sur la table basse du pseudo-salon avant de jeter son pardessus gris contre une chaise, s'affalant sur le canapé. Un long soupir se fit entendre laissant deux bonnes minutes de blanc, laissant ses yeux regarder les imperfections du plafond jaune ternis par la fumée de cigarette. Elle s'en alluma une d'ailleurs, juste pour insister un peu plus sur le gris.
"Si la vie semble être celle que l'on a vécu, qui nous dit que notre propre fondement n'est pas un mensonge pur et simple de notre esprit pour viser à nous protéger nous-même des erreurs que représentent la vie.
Pourquoi d'ailleurs ce genre de pensée traversait-elle l'esprit d'une jeune femme qui se trouvait à alterner entre les inspiration cancérigènes et une expiration lente salie par une épaisse fumée. Et dans cet instant impulsif, elle se redressa, ouvrant les volets de sa chambre, afin de l'aérer à l'hiver. Plus bas, quelques personnes étaient en terrasses, à siroter des alcools biens trop forts pour Colla qui se recula vers la salle de bains. Laissant descendre ses vêtements le long de son corps, elle constata les cicatrices qui parcouraient son épaule droite et sa poitrine. Deux impacts bien distinct d'un bon calibre. Elle les touchait de l'index, pensant qu'ils étaient grossiers mais que ça l'avait forgé. Un homme, d'un grand gabarit. Une voix rauque et un air cow-boy. C'était l'envergure qu'il représentait sur le palier de la porte deux ans auparavant. Elle n'a jamais vu son visage et n'arrivait pas à l'imaginer dans le pire des cas. Elle voulait le retrouver et celui qu'elle avait vu dans la même soirée l'aiderai peut être.
C'est les dernières pensées qui traversèrent son esprit lorsqu'elle vint sentir l'eau chaude de la douche, entamer son parcours le long de son corps.
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- Le borgne:
Dites moi mademoiselle Donnelly... Croyez-vous en l'humain?
Une question absurde qui méritait une réflexion particulière et approfondie du sujet qui venait d'être aborder. Elle qui marchait la plupart du temps les mains dans les poches et la tête légèrement abattue sur le côté gauche, elle semblait y réfléchir tandis que Le Borgne l'observait attentivement le long de leur marche nocturne. Il s'était passé une bonne semaine sans qu'elle ne le revoie et ils s'étaient croisés à un tournant d'une ruelle. Enfin, si le destin n'avait pas été forcé, ils se seraient certainement pas vu le restant de leur jours. Colla semblait avoir trouvé une réponse qu'elle ne souhaitait pas communiquer avant qu'il ne prenne une nouvelle fois la parole.
Non. - Pardon? - C'est la réponse que je conclu en vous observant. La tête basse, légèrement penchée vers l'avant. Les mains dans les poches, vous avez vraiment tout de votre père en vérité. Aucun fondement sur l'espoir humain qu'il est possible d'entrevoir. - Mon père... - Ouais, je sais.
Il avait profité de l'instant ou Colla se trouvait plus en avant, ne l'observant pas, pour disparaître de nouveau dans une ruelle adjacente. Elle n'avait même pas réalisé qu'il s'était évaporé de nouveau et venait à s'arrêter donc, pour tenter de le retrouver. Malheureusement, elle lâcha l'affaire après cinq bonnes minutes à fouiller des recoins de Downtown qui n'étaient pas réellement fréquentables. Elle passa devant un café nocturne, les personnes qui étaient assis en terrasse semblaient passer un agréable moment. La ruelle suivante, c'était le son des sirènes de police qui servait de berceuse à ses habitants. Un homme en cross d'une couleur aberrante s'était fait renverser par une patrouilleuse. Les deux officiers; un homme et une femme, se lançaient des vannes à tour de rôle pour savoir qui était réellement le fautif. Le plus troublant pour Colla c'est qu'ils ne semblaient pas tellement se préoccuper du suspect blessé en face d'eux.
Elle ne songeait pas du tout à croire en l'humanité. Au contraire, cette même scène venait certainement lui retirer les derniers teints d'espoirs qu'elle possédait au sein de son esprit. Elle soupira, reprenant le trajet parallèle à la ruelle des deux flics. C'est d'ailleurs sur ce soupir qu'elle semblait intéresser un homme qui, accoudé à une rambarde d'appartement derrière Pershing, observait longuement Colla, un double whisky sans glaces à la main.
C'est pas trop conseiller de traîner ici à des heures sans pareils mam'zelle!
Elle s'arrêta de nouveau, coupée dans son élan, venant observer la carrure imposante qui dégustait un alcool avec le temps d'une vie pour s'effacer des mémoires.
Et je peux savoir de qui en particulier me vient ce conseil? - North Shannon! Pour vous servir! - C'était... Expéditif comme présentations...
En vérité, son regard était noir malgré l'éclairage ambiant et la jeune femme derrière qui observait d'un œil simple Colla tout en tirant sur une cigarette trop allumée.
- Le cow-boy:
Dans toute cette histoire, la question qui aurait été judicieusement posée à été évitée. La trame temporelle concorde bien trop fraîchement avec d'autres histoires dont Colla ne connait strictement rien. Ce qu'elle sait en vérité, si un retour en arrière s'impose, c'est qu'elle cherche à vivre comme "Le Tueur" lui a demandé. Elle qui, deux ans auparavant fut épargnée grâce à une simple requête, se retrouve désormais en face de quelques personnes à la parole trop franche et au caractère trop différente pour réellement sembler être une simple coïncidence. Colla est une jeune femme intelligente malgré son air lunatique. Lorsque trop d'éléments entrent en jeu dans la même soirée, son cerveau s'active automatiquement pour faire un tri des informations à choisir, et lesquelles à éviter.
Dans tout ça, un borgne et un cow-boy venaient s'ajouter à l'idée qu'une femme seule ne semble pas réellement l'être et que sa quête de vie n'en est pas spécialement une. Dans l'histoire, pourquoi a-t-elle été épargnée par l'assassin, pourquoi se retrouve-t-elle en contact avec des personnes qui se présentent comme si elles se connaissaient par le biais de quelqu'un et pourquoi, au grand pourquoi, cette femme au regard de glace ne détournait pas le regard du haut de cette rambarde?
A... A vrai dire... Je suis un peu perdue là... - Quelle direction? - Jefferson... - A pieds?! - C'est si loin que ça? - J'dirais... Trente minutes de marche.
Elle soupira lourdement avant de ricaner comme une idiote qui venait d'apprendre qu'un point A à un point B, semblait effectivement bien plus loin que sur papier. Puis elle releva la tête avant que l'homme d'un vieux western vienne à la couper:
J'ai compris! J'vous emmène là bas.
La bonté incarnée venait à donner son verre à la femme plus à droite. Elle le sirotait à sa place, faisant grimacer légèrement Colla qui se rappelait du goût infecte que pouvait avoir le whisky. Son opposé ne détournait toujours pas son regard de glace jusqu'à ce que North, le cow-boy, lui fasse signe de la suivre, l'emmenant alors à un pickup bien particulier. Ils montèrent dedans, entamant le trajet en direction du lieu-dit.
Merci hein... Pour le taxi. - Pas d'quoi... Z'êtes nouvelle dans le coin pas vrai? - Ouais... je suis arrivée y'a peu de temps... J'ai encore un peu de mal avec les directions à prendre... - J'ai connu ça moi aussi, vous en faites pas! - Ah... Tant mieux. - Alors, vous êtes venu faire quoi dans Los Angeles? - Disons que c'est personnel... - Hun... Une raison suffisante alors. - Ouais... J'avais pas trop d'idées où aller, et nulle part où aller d'ailleurs... - Je peux comprendre... - Ouais...
Elle venait fermer ses lèvres jusqu'à la fin du trajet qui ne fut pas si long que ça en vérité. Elle salua North d'un signe de main en guise de remerciement. Il fit de même suite à quoi, Colla venait de nouveau sentir sa seule et unique présence qui fut de nouveau interrompue.
Un conseil Donnelly. Reste loin de cet homme.
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